La pratique (marginale) de la crémation à la période carolingienne : les exemples de la Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) et de Bonneuil-en-France (Val-d'Oise) - Normandie Université Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

La pratique (marginale) de la crémation à la période carolingienne : les exemples de la Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) et de Bonneuil-en-France (Val-d'Oise)

Résumé

Ce mode de traitement funéraire du corps, très répandu durant l’Antiquité, cède peu à peu la place à l’inhumation, qui devient exclusive au cours des IVe et Ve siècles de notre ère. Si quelques dépôts secondaires de crémation sont observés ponctuellement dans le Nord de la France pendant la période mérovingienne (Hordain, Bulles), ils disparaissent totalement des ensembles funéraires une fois les populations majoritairement christianisées. Le Capitulaire Saxon de Charlemagne rédigé en 785 condamne la pratique de la crémation mais ce texte vise avant tout à imposer la foi des Francs. Pour autant, deux découvertes archéologiques récentes tendent à nuancer l’ostracisation de cette pratique funéraire pour la période carolingienne. Deux silos, localisés dans deux villages carolingiens que sont « Les Chesnats » à la Chapelle-Saint-Mesmin (45) et « l’aéroport du Bourget zone nord-ouest » à Bonneuil-en-France (95), ont livré les restes crématisés de sujets associés à du mobilier et/ou d’autres individus. Les études pluridisciplinaires du mobilier issu du dépôt secondaire de la Chapelle-Saint-Mesmin mettent en évidence de fortes similitudes avec des assemblages observés dans des tombes scandinaves datées de la même période (céramique, petit mobilier, faune). Le caractère sépulcral du dépôt est très probable. Il s’agirait ici de l’expression matérielle de tradition funéraire exogène en lien avec l’installation de comptoirs francs et scandinaves le long de la Loire. Cette découverte est véritablement inédite. Le dépôt de Bonneuil-en-France demeure quant à lui plus énigmatique sinon problématique. Un silo, désaffecté, est utilisé pour y déposer le corps d’un adolescent crématisé sur place (dépôt primaire). Le comblement de ce même silo a livré un nombre minimal de 4 individus partiellement représentés (1 adolescent, 1 enfant, un adulte indéterminé et un tout-petit) et crématisés également. Le comblement sommital de la structure d’ensilage reçoit le squelette d’un enfant dont l’âge au décès est compris entre 6 et 10 ans, dont il manque les mains, les pieds, le membre supérieur gauche et qui présente de larges zones de lésions carentielles sur le crâne. Un dernier sujet, adulte, est représenté par un crâne isolé. Ces deux défunts ne portent pas de traces d’altération par le feu. Avec par moins de 7 sujets dont 5 crématisés (le dernier étant encore « en position anatomique »), le statut de ce silo et son usage interrogent. Doit-on y voir une résurgence de pratiques funéraires païennes liée à une christianisation imparfaite des campagnes ? Une pratique hygiéniste ? Une ordalie par le feu ? Autant de questions qui demeurent à ce jour sans réponse faute d’éléments de comparaison. Ces deux exemples, très différents mais tout aussi complexes, mettent en exergue une « marginalité bien réelle » de la pratique de la crémation durant la période carolingienne.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03688200 , version 1 (03-06-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03688200 , version 1

Citer

Vanessa Brunet, Anaïs Lebrun, Frédéric Boursier. La pratique (marginale) de la crémation à la période carolingienne : les exemples de la Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) et de Bonneuil-en-France (Val-d'Oise). Treizième rencontre du GAAF. Rencontre autour de la crémation, Groupement d'anthropologie et d'archéologie funéraire, May 2022, Toulouse, France. ⟨hal-03688200⟩
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