Juan Benet, pour qui écrivez-vous ? - Normandie Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Travaux et documents hispaniques Année : 2019

Juan Benet, pour qui écrivez-vous ?

Résumé

Cuando todavía era estudiante y desconocido, la obsesión de Benet era escribir radicales obras de teatro que serían, en sus palabras, prácticamente “irrepresentables”. A causa de la incomprensión del público, Benet dejó el teatro por una carrera de narrador y ensayista. La crítica no ha cesado de afirmar que la obra de Benet, considerada difícil, es como mínimo opaca, desconcertante, inaccesible, incomprensible; que más allá de una ruptura del código del realismo, propone contenidos minoritarios para especialistas, un tipo de literatura que dejaría a la mayor parte de los curiosos lectores al borde del camino. Benet en persona ha explicado que la índole de su proyecto implica lo anterior: por la búsqueda de una superación de lo racional, de una integración del azar y el misterio que fundan toda aventura humana, estaba destinado a meterse una especie de callejón sin salida. Esta vía muerta sería de hecho su objetivo, en tanto que manifiestación de la imperiosa exigencia de una experiencia real de gran ilegibilidad, confirmación del fracaso del lenguaje y del sentido que se abriría a cierta trascendencia. Con este fin, Benet fraguó un gran estilo que se funda en una artificial opacidad, en un manierismo en marcha hacia la esencia irreductible de lo literario – pero ¿qué es la literatura? La crítica ha acompañado esta trayectoria con una turbación creciente a cada nuevo artículo, entrevista o conferencia, por el carácter insondable, abstracto, conceptual y casi autotélico de una obra cerrada en sí misma, la obra de un escritor que rechaza en cierto modo deliberadamente –y ahí está lo escandaloso– a sus lectores perezosos o poco cultivados –pero nótese ya que también lamentándose cada vez que Benet se atreve a desviarse del camino trazado con propuestas de textos más “fáciles”, como El aire de un crimen o Herrumbrosas lanzas. Examinaremos a partir de Cartografía personal y de la correspondencia mantenida con Carmen Martín Gaite en qué términos aparece el problema de la posible recepción de la obra benetiana, núcleo temático del complejo diálogo progresivamente entablado por Benet con sus críticos españoles y extranjeros.
Alors qu’il était encore étudiant et inconnu, l’obsession de Benet était d’écrire des pièces de théâtre radicales qui seraient, selon ses propres mots, quasiment « irreprésentables ». Face à l’incompréhension du public, il finit par abandonner pour s’engager dans une carrière de romancier et d’essayiste. Les critiques n’ont cessé de dire et d’écrire que l’œuvre de Benet, réputée complexe, était pour le moins opaque, déroutante, inaccessible, incompréhensible ; qu’au-delà d’une rupture avec les codes réalistes, il s’agissait surtout de proposer un contenu élitiste pour spécialistes, une littérature qui laisserait la majorité des lecteurs curieux sur le bord de la route. Benet lui-même expliquait que la nature même de son projet l’impliquait, qu’en cherchant à dépasser la rationalité, à intégrer le hasard et le mystère qui fondaient toute aventure humaine, il devrait nécessairement se heurter à une sorte d’impasse. Cette impasse, ce cul-de-sac, il les rechercherait en tant qu’ils manifestent l’impérieuse exigence de faire l’expérience réelle d’une quasi illisibilité qui, signant l’échec du langage et du sens, ouvrait sur une forme de transcendance. Benet cisela dans ce but un grand style fondé sur une artificialité opacifiante, une forme de maniérisme qui le conduirait vers l’irréductibilité de l’essence littéraire (qu’est-ce donc que la littérature ?). La critique a accompagné ce mouvement, s’offusquant toujours davantage à chaque interview, article, conférence du caractère insondable, abstrait, conceptuel, quasiment autotélique d’une œuvre repliée sur elle-même, écrite par un écrivain qui rejetait en quelque sorte délibérément, et c’est bien le scandale, les lecteurs fainéants ou peu cultivés (tout en se lamentant, notons-le d’ores et déjà, dès que Benet osait s’écarter de ce chemin pour proposer des textes plus « faciles » comme El aire de un crimen ou Herrumbrosas lanzas). Nous examinerons dans Cartografia personal et dans la correspondance entretenue avec Carmen Martín Gaite comment apparaît la thématique de la recevabilité de l’œuvre bénétienne, noyau dur du dialogue complexe qui se noua entre Benet et les critiques espagnols et étrangers au fil du temps.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02984914 , version 1 (01-11-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02984914 , version 1

Citer

Sandrine Lascaux. Juan Benet, pour qui écrivez-vous ?. Travaux et documents hispaniques, 2019, Polygraphiques, 10. ⟨hal-02984914⟩
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