"Le vassal du grand Opéra : parodies en marge de l’Académie royale de musique" - Normandie Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

"Le vassal du grand Opéra : parodies en marge de l’Académie royale de musique"

Résumé

Le corpus des parodies d'opéras se joue en marge de la scène académique et relève de la sphère des minores, tant pour ce qui est de ses auteurs qu'au regard de ses oeuvres. Si ce concept de « mineur » est étranger aux usages du XVII e siècle dans cette acception métaphorique, il s'agit de l'emprunter comme « instrument critique d'aujourd'hui 2 » pour le confronter au corpus parodique. Celui-ci offre un écho burlesque au canon de l'opéra lullyste. La réécriture parodique des opéras les situe dans un lieu aux antipodes du merveilleux propre à la tragédie en musique. L'opéra apparaît comme la voie royale du « majeur », le paradigme du genre légitime, celui dont Louis XIV choisit les sujets, qui dispose d'un théâtre officiel sacralisé en l'institution de l'Académie royale de musique, laquelle bénéficie d'un privilège à valeur de monopole. Rappelons la situation unique de celle-ci, cette espèce d'exception française qui veut que Lully, dès 1672, soit le seul à avoir le droit de composer des opéras en France. Il impose par ailleurs aux autres théâtres de lourdes restrictions musicales. En dépit de ces privilèges, dans un contexte de concurrence entre les différentes scènes, les frontières entre théâtres, loin d'être étanches les unes aux autres, s'érodent. La parodie est le symptôme de la porosité de ces frontières et de la résistance à la politique absolutiste des privilèges. Dès sa création, la Comédie-Française, autre lieu officiel de canon et de monopole, intègre dans son répertoire le genre de l'opéra. Dans la première comédie créée en 1680 par la nouvelle troupe, Les Fous divertissants, Poisson et Charpentier offrent au public des parodies de Bellérophon et de Proserpine de Lully. Il n'est pas anodin que dans les comédies de Baron et Dancourt pour lesquelles Charpentier compose une musique de scène originale, Lully soit systématiquement parodié 3. Le répertoire de l'Opéra informe en creux celui du Théâtre-Français. Ce dernier l'instrumentalise et le caricature tout en profitant de sa vogue. Et si ce répertoire comique s'avère mineur en termes génériques, il représente une source de revenus majeure pour un Théâtre en mal de créativité. Cependant, c'est à la scène de la Comédie-Italienne qu'il revient d'être le véritable berceau de la parodie d'opéra. Les Italiens n'attendent pas la mort de Lully pour le parodier. Les premières parodies d'opéras insérées dans des comédies italiennes en français conservées datent de 1682. L'Hôtel de Bourgogne joue en alternance avec l'Académie royale de musique, ce qui laisse entière liberté aux spectateurs d'alterner entre les deux spectacles et de goûter dans l'un, les avatars comiques de l'autre. C'est en outre chez les Italiens que l'on voit apparaître pour la première fois le sous-titre générique « opéra comique » et la première parodie dramatique d'opéra, Arlequin Roland Furieux de l'abbé Bordelon en 1694, et ce, bien avant qu'une troupe foraine ne contracte une alliance commerciale avec l'Opéra et ne soit autorisée à inscrire ses spectacles sous ce titre en 1715 4. C'est à partir de la collaboration de Dufresny que les Italiens tendent à généraliser la pratique de l'insertion de parodies d'opéras. C'est pourquoi nous concentrerons notre propos sur trois petites comédies de 1692 qui se jouent des frontières génériques et forment une trilogie en reprenant le terme « opéra » dans leur titre même : il s'agit de L'Opéra de
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  • HAL Id : hal-02959499 , version 1

Citer

Judith Le Blanc. "Le vassal du grand Opéra : parodies en marge de l’Académie royale de musique". Marta Teixeira Anacleto. « Mineurs, minorités, marginalités au Grand Siècle », Classiques Garnier, pp.283-293, 2019, 978-2-406-09206-3. ⟨hal-02959499⟩
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