La fin du monde : enquête sur l’origine du mythe - Normandie Université Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2001

La fin du monde : enquête sur l’origine du mythe

Résumé

L'essai consiste en une enquête sur les sources antiques du mythe de la Fin du Monde. D'après la lecture du corpus proposé au début du livre, on voit qu'il existe en Grèce ancienne des textes qui traitent et de la Fin provisoire et de la Fin définitive de l’univers, c’est pourquoi la recherche s’engage conjointement sur l’origine des deux mythes, celui du fléau ou de la Fin d’un monde et celui de la Fin du Monde, dont les expressions stylistiques sont identiques (recours aux mêmes images, à un lexique semblable, à des éléments thématiques similaires). Il s’avère que ces deux mythes sont en quelque sorte le miroir l’un de l’autre, puisque le premier sert à expliquer comment l’humanité a, en raison du fléau, quitté l’ère primordiale (mythique) d’entente avec les dieux pour entrer dans l’ère historique et les douleurs qu’elle implique, tandis que le second montre que, grâce au cataclysme final, l’humanité va quitter l’ère historique pour gagner un monde éternel -mythique en quelque sorte - celui de la félicité éternelle auprès de Dieu. Les exemples les plus célèbres de la Fin d'un monde provoquée par le feu sont la mésaventure désastreuse de Phaéthon, emporté par les coursiers d'Hélios et l'ekpurosis stoïcienne ; et par l'eau, ce sont les déluges dont réchappent Deucalion et Pyrrha, Dardanos ou Ogygos et le mythe de l'Atlantide. Le motif de Fin du Monde, quant à lui, est connu grâce aux fameux tableaux prophétiques que proposent les Oracles Sibyllins ou d'autres apocryphes et l'Apocalypse de Jean, notamment. Dès Hésiode, le mythe des fléaux apparaît. En revanche, les textes qui traitent de la Fin du Monde, du moins les premiers à nous parvenus, n'ont pas été composés avant la fin du IIème siècle avant notre ère, pour ensuite connaître, dès le début de l'ère chrétienne, un développement tout à fait remarquable. On peut comprendre ce long intervalle de six siècles entre l'apparition de ces deux thèmes, si l'on se tourne vers les littératures du Proche-Orient dont a hérité la Grèce. Il est évident que les mythes des fléaux, tels que les content les anciens Grecs, sont inspirés des traditions orientales, iraniennes pour les fléaux par le feu, mésopotamiennes pour le Déluge universel. Car ce motif, qui a trouvé ses figures propres en Grèce, est au cœur des réflexions de peuples d'Orient bien plus anciens. Il est toutefois difficile de reconstituer exactement le parcours franchi jusqu'en Grèce par ces conceptions, tant ces époques sont lointaines. Le motif de la Fin du Monde est également issu de l'Orient : pour la forme, des anciens Mésopotamiens qui ont les premiers élaboré des textes prophétiques. D'autre part, c'est le système religieux hébraïque (système monothéiste affirmant la Transcendance divine) qui semble être, bien plus tard, à l'origine du motif. Mais le rôle de la pensée iranienne ancienne, par la cohésion de son système religieux - dont le caractère "naturel" laisse supposer l'antériorité de cette pensée sur celle des Hébreux- ne doit pas être négligé : au contraire, c'est très probablement en Iran qu'est née l'idée de Fin du Monde, qui fait du mal une aberration à enrayer absolument, à la fin de l'Histoire, idée qui s'est adaptée à l'apocalyptique biblique où elle correspond à la manifestation de la victoire de Dieu. En raison du grand brassage d'idées orientales auxquelles s'ouvre la Grèce, à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand, cette idée peut voir le jour en Grèce au IIème siècle avant notre ère. Les Grecs accueillent alors la conception temporelle, radicalement différente de la leur, d'une histoire linéaire (et non plus cyclique) qui admet que le monde ait un terme inéluctable. Dès lors, de même que le dieu a créé l'univers, de même il pourra lui imposer une fin absolue. Le motif de la fin du monde ne peut donc se concevoir dans un univers peuplé de dieux qui sont partie intégrante du monde, comme le croient les plus anciens des Grecs. Ces derniers devront faire leurs les conceptions judéo-chrétiennes de la transcendance divine et du prophétisme pour s'ouvrir à cette idée qui ne leur est pas familière a priori mais qui s'est développée dans leur langue.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02889772 , version 1 (05-07-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02889772 , version 1

Citer

Christine Dumas-Reungoat. La fin du monde : enquête sur l’origine du mythe. Les Belles Lettres, 402 p., 2001, Vérité des mythes, Deforge, Bernard, 2-251-32433-X. ⟨hal-02889772⟩
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