, Continuité parce que, depuis l'apparition du premier organisme, le vivant est regardé comme ne pouvant naître que du vivant : c'est donc par le seul effet de reproductions successives que la terre est aujourd'hui peuplée d'organismes variés. Instabilité, parce que si la fidélité de la reproduction conduit presque toujours à la formation de l'identique, il lui arrive, rarement mais sûrement, de donner naissance au différent : cette étroite marge de flexibilité suffit à assurer la variation nécessaire à l'évolution. Contingence, enfin, parce qu'on ne décèle aucune intention d'aucune sorte dans la nature, aucune action concertée du milieu sur l'hérédité, capable d'orienter la variation dans un sens prémédité : il n'y a donc aucune nécessité a priori à l'existence d'un monde vivant tel qu'il est aujourd'hui. Tout organisme, quel qu'il soit, se trouve alors indissolublement lié, être vivant aboutit inévitablement une histoire qui ne représente pas seulement la suite des événements auxquels ont été mêlés ses ancêtres

, La génération d'un être correspond toujours à une création, que celle-ci constitue un acte isolé exigeant l'intervention concomitante de quelque force divine, ou qu'elle ait été réalisée en série, concurremment à celle de tous les êtres à venir dans la suite des temps. Même quand l'espèce devient définie avec plus de rigueur, elle est posée comme un cadre fixe où viennent se succéder les individus. A travers les générations successives, ce sont toujours les mêmes figures qu'on retrouve aux mêmes places, les êtres vivants n'ont pas d'histoire

J. F. , Quelle histoire peut bien avoir un être préformé attendant dans les lombes de ses ancêtres successifs l'heure de voir le jour ?

. Le-vitalisme,

L. Terme, biologie" est utilisé pour la première fois en 1802 (simultanément par le Français J.B. Lamarck et par l'Allemand G.R. Treviranus). Jean-Baptiste de Monet de LAMARCK (1744-1829) fonde cette nouvelle discipline, la science des êtres vivants, en lui assignant comme objectif l'explication de l'origine des êtres vivants

, La première est celle de la totalité de l'organisme qui apparaît désormais comme un ensemble intégré de fonctions, donc d'organes. Ce qu'il faut considérer dans un être, ce n'est jamais chacune des parties prise en particulier, mais le tout, « la composition de chaque organisation dans son ensemble, dit Lamarck, c'est-à-dire dans sa généralité ». Si l'on peut reconnaître aux parties une valeur et une importance inégales, c'est toujours en se référant à la totalité

«. Lamarck, que l'on commence à remarquer que les organes essentiels à l'entretien de la vie sont répartis presque également et la plupart situés sur toute l

. Ensuite, idée que l'être vivant n'est pas une structure isolée dans le vide, mais qu'il s'insère dans la nature avec laquelle il noue des relations variées. Pour que vive un être, pour qu'il respire et se nourrisse, il faut un accord entre les organes chargés de ces fonctions et les conditions extérieures. Il faut que l'organisation réagisse à ce que Lamarck appelle « les circonstances ». Par circonstances s'entendent les habitats de la terre ou de l'eau, les sols, les climats, les autres formes vivantes qui entourent les organismes

, Jusqu'alors, les corps de la nature se répartissaient traditionnellement en trois règnes : animal, végétal et minéral

, L'intensité de la sensation croît avec le logarithme de l'excitation" : Ses propres travaux expérimentaux portent sur la sensation. Wundt a d'ailleurs été l'élève du physiologiste Hermann von HELMHOLTZ (1821-1894), lequel a montré que la sensation dépend de la modification de l'état des nerfs, plutôt que des propriétés objectives de la réalité extérieure : "(?) en réalité nous ne pouvons percevoir directement que les excitations nerveuses, c'est-à-dire les effets et jamais les objets extérieurs, L'introduction de la méthode expérimentale 1.1. La mesure des faits psychiques La première quantification d'un fait psychique, en l'occurrence la sensation, est attribuée à Gustav Theodor FECHNER, pp.1801-1887

L. Dans-son, Wundt utilise la méthode des temps de réaction (qui consiste à mesurer le temps qui s'écoule entre un stimulus sensoriel et la réaction motrice volontaire à ce stimulus) et met au point le tachistoscope (qui permet la présentation de stimuli visuels dans des conditions de temps contrôlées). Notons que le temps de réaction reste un indicateur très utilisé aujourd

C. La-pathologie, En France, c'est à Théodule RBOT (1839-1916) que l'on attribue la paternité d'une psychologie scientifique détachée de la philosophie. Sa thèse, soutenue en 1873, est en effet considérée comme la première thèse française de psychologie scientifique. Il s'agit d'un travail empirique (qualifié à l'époque d'expérimental), et qui remet en cause la tradition spiritualiste alors encore puissante dans le monde universitaire. Cette thèse a pour objet l'hérédité psychologique

P. Ribot, il prône le recours à l'expérimentation telle que déjà pratiquée par les psychologues allemands : « La psychologie dont il s'agit ici sera (...) expérimentale : elle n'aura pour objet que les phénomènes, leurs lois et leurs causes immédiates ; elle ne s'occupera ni de l'âme ni de son essence car cette question étant en dehors de la vérification appartient à la métaphysique » (Ribot, 1879. La psychologie allemande contemporaine). Cela dit, on pourra substituer à l'expérimentation l'observation des états pathologiques : « La maladie est (...) une expérimentation de l'ordre le plus subtil, instituée par la nature elle-même, dans des circonstances bien déterminées et avec des procédés dont l'art humain ne dispose pas. » (Ribot, 1909. De la méthode dans les sciences), les conduites étant pour lui déterminées par des mécanismes physiologiques. Pour étudier les « fonctions mentales

, Le modèle hiérarchique de Jackson inspirera d'ailleurs également les travaux sur l'automatisme psychologique, publiés en 1889, de Pierre JANET (1859-1947), élève de Ribot. Janet estime qu'une science objective, expérimentale, du fonctionnement mental, doit reposer sur l'étude des faits psychiques les plus élémentaires, c'est-à-dire ceux qui ne font pas intervenir la volonté. Or ces faits élémentaires, dits "automatiques, C'est ainsi que la première psychologie scientifique française s'intéressera tout particulièrement aux automatismes psychiques, et plus largement à tous les phénomènes psychiques non contrôlés par la conscience et la volonté

. Le-parallélisme-psycho-physiologique-la-psychologie-scientifique, . Particulier-en-allemagne, and . Le-postulat-philosophique-d'un-parallélisme-entre-le-corps, C'est à l'origine Fechner qui, prenant appui sur Leibniz, formule ce parallélisme psychophysique : "(?) chaque fois qu'un processus se déroule dans l'esprit, un processus correspondant se déroule dans le corps, sans que l'on puisse dire que l'un des deux a causé l'autre." (d'après Braunstein & Pewzner, p.78). Il deviendra, avec Wundt, parallélisme psycho-physiologique : "A tout état de conscience correspond un état spécifique des fonctions nerveuses centrales, Remarque : Pour Wundt

, Ultérieurement, d'autres lectures du parallélisme seront proposées. (Voir à ce propos Piaget, 1963.

, Pour Wundt, cette question relève de la métaphysique et ne saurait donc trouver de réponse au sein de la psychologie expérimentale. Mais d'autres psychologues seront tentés d'interpréter la relation entre les deux séries de faits en termes de causalité -ce qui suppose évidemment de déterminer lequel des deux faits

, La première psychologie scientifique hiérarchise les facultés, fonctions, ou processus mentaux, en "inférieurs" et "supérieurs". Ainsi, pour Wundt, les processus supérieurs de l'esprit relèvent de lois actives, à la différence des processus inférieurs (dits aussi élémentaires), régis par des lois passives. Les lois actives dépendent de l'aperception (Cf. supra, Leibniz). L'expérimentation ne saurait donner accès à ces dernières, qui pour Wundt relèvent d'une anthropologie psychologique, dont la méthode se doit d'être historique et comparative. C'est pourquoi la psychologie expérimentale s'est

, Remarque : C'est notamment la psychologie de la Forme qui remettra en cause la pertinence de cette hiérarchie, en montrant que la perception est un processus actif

D. Wundt, de sens qu'appuyée par l'introspection, laquelle donne accès aux états de conscience dont on cherche le corrélat organique. Cela dit il s'agit d'une introspection contrôlée

E. Hermann, Il publie en 1885 Sur la mémoire : une contribution à la psychologie expérimentale, synthèse de recherches dans lesquelles il s'utilise lui-même comme sujet expérimental. Son objectif est laquelle est avant tout conçue comme fonction -et, en tant que telle, susceptible d'être éduquée. Ainsi, dans l'Echelle métrique de l'intelligence, l'intelligence mesurée s'exprime par un âge mental, c'est-à-dire l'âge auquel on observe en moyenne, dans la population considérée, le niveau de performance atteint par le sujet. Chez un sujet normal (= qui se situe dans la moyenne), âge mental et âge réel coïncident ; l'intelligence des sujets qui s'écartent de la moyenne est donc décrite en années d'avance ou de retard. C'est une demande du Ministère de l'Instruction Publique qui est à l'origine de ce travail : il s'agit de dépister les enfants en difficulté scolaire, pour développer un enseignement approprié. Dans le cadre de cette psychologie appliquée dont Binet est l'un des pionniers en France, l'intelligence se définit comme fonction adaptative, à la différence de la plupart de ses contemporains, pp.1850-1909, 1911.

B. La,

L. , Et globalement la conscience, objet de cette psychologie, est constituée d'éléments simples qui se combinent entre eux. Ainsi, de même que la physique décompose les phénomènes complexes qu'elle étudie en éléments simples, la psychologie doit décomposer le contenu de la conscience en ses éléments

, Trois catégories de processus rendent ainsi compte des éléments qui composent la conscience ; il s'agit de la sensation, de l'image, et de l'affection, chacun ayant différents attributs (par exemple pour la sensation : qualité

, Une option analogue caractérise la psychologie scientifique française, à la même époque, par exemple chez Ribot : Ribot (1896)

, je distingue deux cas principaux, selon que le transfert se fait par contiguïté ou par ressemblance. Transfert par contiguïté. -Lorsque des états intellectuels ont coexisté, ont formé un complexus par contiguïté et que l'un d'eux a été accompagné d'un sentiment particulier, l'un quelconque de ces états tend à susciter le même sentiment. La vie courante en fournit des exemples très nombreux et très simples. L'amant transfère le sentiment causé d'abord par la personne de sa maîtresse, à ses vêtements, ses meubles, sa maison. Pour la même raison, la jalousie, la haine exercent leur rage sur les objets inanimés qui appartiennent à l'ennemi, Sous sa forme la plus générale -car son mécanisme n'est pas toujours le même -la loi de transfert consiste à attribuer directement un sentiment à un objet qui ne le cause pas lui-même

, En d'autres termes, elles « révèlent le mécanisme, non le moteur ». Le « moteur » quant à lui est issu des « tendances naturelles

, Cette conception analytique du psychisme est également qualifiée de structurale. Elle sera défendue aux Etats-Unis par Edward Bradford TITCHENER (1867-1927), très influencé par Wundt

, La pensée pure L'introspection expérimentale, focalisée sur le processus de la pensée plutôt que sur une succession d'états de conscience définis par leurs contenus, montre qu'il existe une logique de la pensée, indépendante de l'imagerie (Cf. supra, VI.A.3). Par exemple, on peut comprendre le sens d'un mot sans aucune représentation. Cette pensée indépendante des contenus mentaux est défendue dans le cadre du "débat sur la pensée pure", qui contribuera à la désuétude de l'héritage associationniste : la pensée cessera d'être définie comme mécanisme d'associations d'idées. Binet est l'un des pionniers de la pensée pure

, il y a une pensée sans mot, et que la pensée est caractérisée par un sentiment intellectuel". Mouvement, intention visant un but, la pensée est fondamentalement un acte -et la psychologie, pour Binet, une "science de l'action", qui "donne à la pensée l'action comme but et qui cherche l'essence même de la pensée dans un système d'action". Remarque : Les plus fervents adversaires de la pensée pure seront, au XX°s., les philosophes se réclamant de la phénoménologie (Cf. supra, p.77), et pour lesquels le langage est le corps de la pensée. Par exemple pour Maurice MERLEAU-PONTY (1908-1961) : "La pensée pure se réduit à un certain vide de la conscience

. Cela, et notamment les travaux pionniers de Jean PIAGET (1896-1980), que le débat sur la pensée pure trouvera un terme : la pensée est une suite d'opérations -elle est, par essence c'est-à-dire dans ses fondements originels, opératoire. Ces opérations sont des actions intériorisées

, 1842-1910), élève de Wundt, est quant à elle "fonctionnaliste" : elle oppose, à l'étude élémentaire des facultés, celle de la fonction. James est considéré comme le fondateur de la psychologie scientifique américaine. En effet il enseigne, dès 1872, la psychologie comme science fondée sur la physiologie, Conscience et comportement : le fonctionnalisme La psychologie de la conscience que propose

, Pour James, marqué par Darwin, la conscience doit être étudiée en tant que fonction adaptative, et non pas comme ensemble de contenus ou d'états. Mouvement, tension indissociable de l'expérience externe

, Conscience et émotion, 1895.

, Selon l'idée que l'on se fait naturellement de ces émotions fortes nous percevrions d'abord l'objet qui les provoque ; puis, cette perception engendrerait dans l'âme une affection ou un sentiment qui serait l'émotion ellemême

. Selon-ma-théorie, ces modifications suivent immédiatement la perception ; et c'est la conscience que nous en avons, à mesure qu'elles se produisent, qui constitue l'émotion comme fait psychique

, il ne faut pas dire : je rencontre un ours, j'ai peur, je tremble, mais : je rencontre un ours, je tremble, j'ai peur [...], j'apprends ma ruine je suis triste, je pleure, mais dire : je pleure je suis triste. Nous sommes effrayés parce que nous tremblons, tristes parce que nous pleurons, Le sentiment que nous avons des changements corporels est l'émotion

, Essayez de vous représenter par l'imagination quelque forte émotion, puis tâchez d'éliminer de cette représentation toutes les sensations des symptômes corporels de l'émotion : vous verrez alors qu'il ne vous restera plus rien d'émotionnel dans la conscience, 1991.

, Question : Dans quelle mesure la théorie des émotions de James repose-t-elle sur l'hypothèse théorique du parallélisme psycho-physiologique telle que formulée par Wundt

, Et c'est sur ce flux continu de la conscience que repose l'unité du moi. -Rappelons que le moi, qui pour James est la "première et immédiate donnée de la psychologie

, Elle se focalise en particulier sur l'apprentissage de nouveaux comportements, et se faisant se définira comme psychologie de l'activité, en particulier avec John DEWEY (1859-1952) : la conscience

, Une idée est un plan d'action, elle doit être mise à l'épreuve des faits. Dewey en particulier développera une conception de la pensée comme instrumentalité, moyen d'agir sur les choses, conception qui sera appliquée dans le domaine de l'éducation (Cf. la, 1906.

. Viii and . La-psychologie,

, L'exclusion définitive de l'introspection

. La-psychologie-introspective and . De, L'introspection en effet n'est pas perçue comme méthode objective. Son usage paraît donc incompatible avec la scientificité dont la jeune psychologie tente de se prévaloir

, présente en effet les caractéristiques requises pour prendre le statut d'objet scientifique. De plus sa détermination s'inscrit dans un ordre naturel non problématique depuis Darwin : le comportement est la réaction adaptative de l

, La psychologie, PIÉRON, 1908.

, Et pourtant il est possible, autant que nécessaire, non point de nier, mais d'ignorer la conscience dans ces recherches évolutives sur le psychisme des organismes. Mais si ces recherches ne portent pas sur la conscience, sur quoi donc porteront-elles qui ne soit déjà étudié par la physiologie ? Elles porteront sur l'activité des êtres et leurs rapports sensori-moteurs avec le milieu, sur ce que les Américains appellent « the Behavior », les Allemands « das Verhalten », les Italiens " lo comportamento " et sur ce qui nous sommes en droit d'appeler " le comportement " des organismes. Alors que la physiologie s'applique à déterminer le mécanisme des fonctions de relation, prises isolément, la psychologie doit étudier le jeu complexe de ces fonctions, le mécanisme de leur utilisation qui permet la continuation et la perpétuation de la vie : alors que les sexes sont différenciés, par exemple, la recherche de la femelle, l'acceptation du mâle sont les précurseurs indispensables de la fonction reproductrice, et pourtant la physiologie les ignore, Il est moins facile de s'entendre sur l'objet à étudier que sur la méthode d'étude : le mot psychisme éveille en effet des significations très variables. D'une manière générale, on admet que la psychologie, après avoir été l'étude de l'âme et avoir fait partie, à ce titre, de la trinité métaphysique, à côté de la cosmologie rationnelle et de la théologie rationnelle, est devenue l'étude des phénomènes de conscience

, Je suis tenté dès lors, par analogie, d'étendre aux autres organismes les relations constatées en moi-même, et de croire que, toutes les lois qu'un acte volontaire apparaît objectivement, il existe un corrélatif subjectif, c'est-à-dire un phénomène de conscience. Et, à moins de vouloir se considérer comme un cas unique dans la nature, ainsi que le font les idéalistes transcendantaux, il est indéniable que cette inférence pour analogie est justifiée. Mais elle n'est pas vérifiable, parce qu'il n'existe pas de critérium objectif de la conscience ; je ne puis même pas trouver moi-même de critérium certain, car tous les phénomènes de subconscience, tous les dédoublements pathologiques et parfois normaux de la personnalité nous persuadent qu'il peut se passer en nous, sans que nous les connaissions, des phénomènes qui auront les mêmes conséquences que s'ils avaient été conscients. Nous en pouvons conclure, et l'analogie à la même valeur dans ce cas que quand elle s'applique à d'autres êtres, qu'il peut se passer dans notre organisme des phénomènes de conscience que nous ignorons autant que s'ils se passaient dans un autre organisme : mais nous ne pouvons pas prouver l'existence de cette conscience, Mais un langage, qui sert en grande partie à désigner des phénomènes de conscience, est-il légitime quand on l'applique à des faits purement objectifs ? On pourrait évidemment créer, comme certains auteurs ont tenté de le faire une terminologie nouvelle ; mais ces créations barbares ne manqueront jamais de soulever un tollé général

, juriste et même mendiant ou voleur, indépendamment de leurs talents, penchants, tendances, aptitudes, ainsi que de la profession et de la race de leurs ancêtres, 1925.

. Watson, Qu'est-ce que le behaviorisme ?, 1926.

, Il y a quelques années, nous n'entendions parler que de Freud, et de sa méthode : la psychanalyse. Grâce à cette méthode, ses loyaux sujets nous assuraient qu'ils pouvaient résoudre tous les problèmes psychologiques

&. Aujourd and . Hui, alors que chaque vendeuse vous expose ses rêves et ses complexes, la psychanalyse n'est plus un sujet intéressant dans les conversations de salon, non pas que quiconque soit particulièrement choqué par la discussion mais plutôt parce que sa nouveauté s

, Il en est ainsi de tous les mouvements nouveaux dans le domaine scientifique. Il y avait peut-être trop peu de science, de vraie science, dans la psychologie de Freud, et par conséquent

. Actuellement, Confinée aux cercles universitaires ces dix dernières années, elle est maintenant reprise par les journaux qui commencent à en nourrir les masses, quoiqu'à petites doses

, Jusqu'à cette date, la psychologie dite subjective, ou introspectionniste, avait le plus d'influence. La psychologie subjective était définie comme une étude de l'esprit, de notre propre esprit en réalité, puisque personne d'autre ne pouvait y plonger son regard et voir ce qui s'y passait. Et quand vous regardiez vraiment, qu'y voyiez-vous ? Etant donné que vous étiez entraîné dans le système et dans le langage des James, Angell, Ladd et Wundt, vous disiez voir La Conscience. Et alors vous essayiez d'analyser cette conscience, Le Behaviorisme a constitué un domaine d'étude indépendant dans les universités depuis environ 1912. Il représente ce que l'on doit considérer comme une renaissance véritable en psychologie

, Le contenu de la conscience et de ses constituants devient encore plus compliqué quand on insiste sur le fait qu'en l'absence de perceptions, c'est-à-dire quand on n'a pas d'objets devant soi, la conscience se construit à partir de représentations d

, La seule manière d'étudier ces données consistait en une introspection, un regard à l'intérieur de sa propre conscience. Aussi nommons-nous ces psychologues des psychologues subjectifs, ou psychologues introspectionnistes. La vérification des résultatsl'enjeu premier de toute science véritable -est donc à jamais impossible à celui qui étudie la psychologie de façon introspectionniste, Ainsi, toutes les données de ce type de psychologie étaient subjectives

, Elle était aussi profondément ancrée que la Bible, que la philosophie elle-même. Assurément personne n'était assez hardi, assez téméraire, pour s'interroger sur l'existence de l'esprit ou sur le fait qu'il soit constitué d'unités conscientes. Pourtant, c'est précisément ce que firent les behavioristes

, Vous remarquerez que pour toutes ces descriptions, nous avons débuté avec des observations générales sur des personnes pour lesquelles aucun instrument d'étude ou de laboratoire n'était nécessaire, pour déboucher sur le nouveau-né dans le laboratoire utilisant pour étudier notre phénomène toute l'instrumentation conçue jusqu'alors. Le behaviorisme, en d'autres termes, annule la distinction entre phénomènes subjectifs et objectifs. Tous les phénomènes liés aux êtres humains sont objectifs, même les choses que vous appelez maintenant " mémoire " et " pensée " ! Une fois de plus, vous avez l'habitude d'appeler ces études générales psychosociales ou sociologiques, et, quand il s'agit d'études plus étroites où le laboratoire est impliqué, psychologiques ou de psychologie expérimentale. Les behavioristes ne croient pas en ces vieilles distinctions. Tout est psychologie. Par le démantèlement de ces distinctions, la philosophie dans son entier est menacée. Le point de vue behavioriste devenant désormais prédominant, il est difficile de trouver une place pour ce que l'on nommait la philosophie. La philosophie est passée, -n'a fait que passer, et à moins que de nouvelles voies ne s'ouvrent à elle, qui proposeraient les fondements d'une nouvelle philosophie, le monde a vu ses derniers grands philosophes. Jusqu'ici nous avons dû prendre les événements psychologiques tels qu'ils se présentaient à nous. Sommes-nous arrivés assez loin pour être capables de prédire quoi que ce soit de conséquent au sujet des individus ? Le sens commun, plutôt que la psychologie scientifique, a parcouru une certaine distance pour ce qui est de la prédiction : vous ne pouvez vivre avec des gens sans faire de prédictions à leur sujet. Vous savez à l'avance ce qu'ils vont dire et faire. C'est pourquoi tant de gens sont si ternes. Si je tire avec un revolver derrière une dizaine d'individus pris au hasard et qui sont tranquillement assis dans une pièce, je peux prédire sans craindre la contradiction qu'au moins neuf d'entre eux vont sauter, crier, changer de rythme respiratoire et cardiaque. Si je jette une centaine d'individus dévêtus, Une fois de plus, je rassemblai mes données et les rapportai à mes collègues. Après les avoir digérées, ils décidèrent que le comportement humain de l'adulte est trop compliqué à comprendre sans quelque connaissance sur sa prime enfance et son enfance. Nous ne comprenons pas pourquoi tel homme est un maçon, tel autre un artiste et tel autre encore un joueur. Nous ne pouvons comprendre pourquoi certains hommes sont insouciants et sobres, font de bons maris, et pourquoi d'autres non

, Il est possible de faire ces prédictions dans la mesure où des données psychologiques ont lentement été accumulées à travers les âges, et non grâce aux efforts de psychologues avertis

, Il y a vingt ans environ, la biologie elle-même n'en était qu'à un niveau purement descriptif. Darwin dans les années cinquante était un grand observateur de faits. Sur la base de ses observations, il construisit sa théorie de la descendance. II n'est jamais allé tellement plus loin. Aujourd'hui, il existe une biologie expérimentale. Elle cherche à contrôler la descendance en manipulant l'environnement chimique et physique des plantes et des animaux. Elle désire changer et modifier les espèces, Qu'en est-il du contrôle des phénomènes psychologiques ? Pouvez-vous induire chez un individu tel comportement par une technique psychologique appropriée

, La psychologie se situe encore surtout à un niveau descriptif. Le contrôle des phénomènes en psychologie est encore plus en retard que dans les autres sciences, en partie parce que la psychologie est une nouvelle science, mais plus encore parce qu'elle a perdu son temps si longtemps en cherchant futilement à étudier l

, En un laps de temps très court, les mites s'activent et s'envolent vers la source de lumière. Cela a pu prendre des jours, des semaines, voire des mois, au behavioriste pour découvrir le moyen de contrôler les insectes. L'ayant découvert, celui-ci devient une partie de la technique qu'utilisera tout chercheur. La réponse (acte, évènement) consiste à voler vers la source de lumière ; le stimulus est la bougie allumée. Dans cette simple observation, vous avez une partie des mécanismes de la psychologie béhavioriste exprimés dans leur forme la plus élémentaire, Nous avons fait les premiers pas. Ici se trouve un groupe de mites, tranquilles, dans une lumière très faible

, Je voudrais faire en sorte qu'un bébé âgé de soixante-dix jours cligne des yeux. Quel stimulus vais-je choisir ? Je peux toucher ses paupières et produire le clignement, je peux souffler sur ses paupières et produire le clignement ; je peux faire passer une ombre rapidement sur l'oeil et produire le clignement. Il y aura donc trois stimuli qui provoqueront cette réaction. Supposons que je veuille faire pleurer un bébé. Nous acceptons que ce bébé n'a pas encore d'habitudes, qu'il n'a encore rien appris. Je peux le pincer, le couper, le brûler, ou trouver n'importe quel autre stimulus nocif pour le faire pleurer. Supposons que je veuille faire sourire un bébé âgé de vingt jours, Qu'importent les milliers de réactions qu'un être humain ou un animal est capable de manifester, il y aura toujours un stimulus ou un objet dans l'environnement qui suscitera chez eux telle réaction

, Bien des objets ne peuvent d'emblée servir de stimulus à une forme particulière de réaction. Quelques-uns ne produiront vraisemblablement pas de réaction directement observable. L'individu doit d'abord être conditionné à ces stimuli. L'environnement opère le conditionnement. Le processus est assez simple. La seule vue d'une baguette n'amènera pas un jeune à l'esquiver quand il la voit par exemple

S. Cependant and . Qu, il me voit prendre le bâton, il cherchera à l'éviter à l'instant même où il le verra (stimulus conditionné) dans ma main. J'ai mis en place une réponse visuellement conditionnée. Aucune « association d'idées » n'est impliquée parce que nous pouvons mettre en place des réponses conditionnées analogues dans nos glandes, sur lesquelles nous n'avons aucun " contrôle ". Nous pouvons même les mettre en place chez un nouveau-né ; nous pouvons les crier chez l'animal, même chez les modestes animaux unicellulaires. Tout au long de la vie, les objets qui ne suscitent pas de réaction (c'est-à-dire qui ne sont pas stimulus de certaines réponses) peuvent constamment acquérir cette valeur réactive

, Pour ensuite contrôler l'individu -pour qu'il se comporte comme la société le spécifie -en le confrontant aux stimulus appropriés, il nous faut avoir une connaissance considérable non seulement quant aux stimuli innés, fondamentaux, mais aussi quant à ceux qui ont été conditionnés. Pour acquérir cette connaissance, il nous faut aller dans le laboratoire et étudier l'individu depuis sa plus tendre enfance. Cette description sert à situer quelques-uns de nos problèmes élémentaires mais fondamentaux. Ayant résolu ces problèmes, nous espérons atteindre une compétence telle dans notre science qu'il nous sera possible de faire sur demande de n'importe quel homme, en commençant sa naissance, toute sorte d'être social ou asocial. Nous espérons par ailleurs atteindre un jour une compétence telle que nous pourrons prendre le pire adulte ayant socialement mal tourné, C'est pourquoi tout objet dans le monde peut éveiller une réaction de peur en fonction d'une histoire particulière dans notre passé. C'est pourquoi tout objet ou personne dans le monde peut être amené à susciter une réponse amoureuse, même une femme défigurée et bossue de cinquante ans évoquant une telle réponse chez un beau garçon de vingt ans

, Mais nous n'avons pas perdu espoir. La difficulté à travailler avec des adultes sur une base béhavioriste constitue probablement la raison pour laquelle les béhavioristes ont poursuivi des études sur les bébés et les jeunes enfants de façon si assidue, Ce but est-il trop ambitieux et totalement irréalisable ? Le but est certainement encore lointain, très lointain pour les adultes

, Un matériel riche a cependant été amassé, un matériel qui finira par donner la clef du « contrôle » du comportement humain de l'adulte. Nous pouvons maintenant déterminer avec une certaine précision ce que les nouveau-nés peuvent faire. Nous connaissons les stimuli qui amèneront leurs réponses. Nous avons également une vision de ce qu'un bébé de trois mois, de six mois, de neuf mois, de douze mois peut faire et cela nous donne une vision juste de ce qui, Des centaines de bébés ont été observés par les béhavioristes, mais malheureusement pas sur une période de temps assez longue pour révéler beaucoup des faits nécessaires

, Une conclusion surprenante semble s'imposer à nous à partir de cette étude effectuée sur des enfants dans leur première ou leur deuxième année d'existence : le petit d'homme exécute beaucoup moins d'actes naturels (instinctifs) qu'on ne le supposait jusqu'ici. L'autre fait des plus intéressants est qu'il apprend à faire des choses, c'est-à-dire qu'il devient conditionné dès le jour où il vient au monde. Les béhavioristes sont maintenant enclins à écarter le concept d'instinct dans son entier et à croire que la plupart des réactions complexes observables chez l'enfant sont construites. Nous savons maintenant pourquoi et comment le comportement humain émotionnel s'élabore ; pourquoi certaines personnes sont peureuses, timides, prédisposées à la colère et à la rage, pourquoi d'autres sont jalouses, pourquoi d'autres encore se replient sur elles-mêmes quand la voix de l'autorité se fait entendre

, Aussi loin que nous pouvons en juger, la plupart des vocations se construisent très tôt. La famille (mère, père, frère, soeur, parents) est responsable du devenir des enfants. L'éducation -non la nature, moins bien établis à la fin de la deuxième année

L. , Tel père tel fils, telle mère telle fille, sont plus que des platitudes usées. Ce sont des vérités terrifiantes. L'enfant moderne n'a presque pas de chance dans cette « recherche du bonheur » que notre constitution lui procure si gentiment. Cette conclusion peut sembler dure et cruelle, mais le béhaviorisme essaie de dégager des éléments d'explication. Quand il aura poursuivi ses études plus avant, il sera peut-être en mesure d'aider la famille, l'école, l'église, la société, à éduquer un produit humain socialisé mais individualisé, What is behaviorism ? Harper's Monthly Magazine, vol.152, pp.725-729, 1926.

. Trad and G. Dans-paicheler, L'invention de la psychologie moderne, L'Harmattan, pp.297-302, 1992.

. Le and . Mentalisme, affirmation de l'importance de processus strictement internes, dotés de réalité et d'autonomie

. Andler-d, Cognitives (sciences).Encyclopaedia Universalis, 6. 68a, 1996.

P. Watson and . Qu, une réponse verbale implicite", de même nature que la réponse comportementale extériorisée. Le langage est d'ordre comportemental ; il est donc déterminé, et la pensée avec lui, à l'instar de n'importe quel comportement : par les stimuli constituant l'environnement. D'ailleurs, il faut dit-il "abandonner l'idée selon laquelle l

, contemporain de l'essor de la psychologie cognitive auquel il s'opposera donc. Pour lui en effet, la psychologie n'a que faire de ce qui se passe dans la "boîte noire" : l'esprit. L'origine des comportements est à rechercher dans la relation entre l'organisme et l'environnement, Le rejet de tout mentalisme en psychologie sera radicalement réaffirmé par Burrhus Frédéric SKINNER, 1904.

, Renforcement : tout ce qui augmente la probabilité d'émission d'une réponse

, Skinner parvient à rendre compte de comportements qui semblent se produire spontanément, ce sans remettre en cause le modèle behavioriste : ces comportements sont en fait déterminés par leurs conséquences

, Le Behaviorisme skinnerien a généré de nombreuses applications

. Skinner, Les cognitivistes inventent des substituts internes, 1977.

, On peut distinguer les points suivants : 1. au cours de l'évolution de l'espèce, le milieu a une action sélective, 2. il agit en modelant et en maintenant l'ensemble des comportements qui transforme un membre quelconque de l'espèce, Le comportement humain dépend de variables issues de l'environnement

, Les psychologues cognitivistes étudient les relations entre les organismes et le milieu, mais ils ne les traitent que rarement de façon directe

. Prenons, expérience de Pavlov, on fait entendre le son d'une cloche à un chien affamé, puis on le nourrit. Si cela se produit plusieurs fois, le chien commence à saliver en entendant la cloche. L'explication mentaliste classique est que le chien « associe

. Mais-c'est-pavlov, Le chien commence tout bonnement à saliver en entendant sonner la cloche. Nous n'avons aucune preuve qu'il le fait à cause d'un substitut interne des contingences, L'observation, Delachaux et Niestlé, 1984. D'après Filloux & Maisonneuve, vol.5, 1977.

C. Critique-du-behaviorisme-la, . Au-behaviorisme, and . Qu, il ignore ce qu'il se passe entre le stimulus et la réponse. Non que les behavioristes nient l'existence de processus mentaux, mais ils considèrent, d'une part, que ces processus ne déterminent pas le comportement, d'autre part que leur étude ne peut être objective. Le Behaviorisme est descriptif : il rend compte des relations causales entre stimuli et comportements. Mais il n'explique pas par quels mécanismes causes et effets sont reliés. En effet pour Watson, l'explication est par nature interprétative ; aucun fait univoque ne peut donc en garantir la validité

. Cela, entrée un grand succès dont témoigne par exemple sa vulgarisation, son refus de prendre en compte les mécanismes internes dans la production des comportements s'est avéré de plus en plus difficile à justifier. C'est ainsi qu'à partir des années 1930, le néo-behaviorisme intègrera des "variables intermédiaires" entre S et R, appelées également médiateurs. Si, pour Edward Chace TOLMAN (1886-1959) ces médiateurs sont décrits en termes de structures cognitives, et préfigurent en cela l'approche cognitive, en revanche Clark Leonard HULL (1884-1952) fait l'économie des structures mentales, y compris pour expliquer les comportements les plus complexes : la notion de renforcement secondaire y suffit. (Par exemple : chez l'homme, le fait de travailler pour de l'argent relève toujours du conditionnement. L'argent ayant été initialement associé à une réponse conduisant à la réduction d'un besoin

, Il faudra attendre les années 1950 pour que la psychologie, avec l'essor du cognitivisme, place au centre de son objet les mécanismes mentaux, et tout particulièrement le traitement de l'information. Se développeront alors de nombreux travaux dans les domaines de la mémoire, de l'attention, de la résolution de problème, du traitement textuel. CONCLUSION : Propositions alternatives Plus globalement, il sera reproché au Behaviorisme de n'être pas une psychologie, 1928.

. Le-grand-mérite-de-watson, et nous l'avons dit dès le début, c'est d'avoir enfin compris que l'idéal de la psychologie, science de la nature

. Jusque-là, Watson a compris que l'attitude sincèrement scientifique exigeait que l'on fît table rase de tout ce qui est introspection et spiritualité, et il a réussi ce qui avait échappé aux plus grands champions de la psychologie objective : penser jusqu'au bout l'exigence de l'objectivité en psychologie. Par là même le behaviorisme apporte une révélation de valeur définitive, à savoir que ses prédécesseurs en psychologie objective, les Wundt, les Bechtherev et les autres sont comparables à des péripatéticiens qui voudraient peser le diaphane et étudier par la stroboscopie le passage de la puissance à l'acte. Mais bien qu'elle arrive à présenter une conception de la psychologie enfin conforme à l'idéal de l'objectivité, la tentative de Watson est frappée de la même insuffisance que les précédentes : elle sauve l'objectivité, mais perd la psychologie. La preuve, c'est qu'à peine Watson a-t-il commencé à tirer les conséquences de sa découverte que, tout de suite, les psychologues américains se sont mis à la recherche d'un « behaviorisme non physiologique ». En effet, seul le comportement et son mécanisme observé du dehors peuvent intéresser un behavioriste au sens propre du mot. Mais alors, la psychologie est tellement objective qu'elle se noie, pour ainsi dire, dans l'objectivité, et tout ce que le behaviorisme pourrait nous enseigner serait de l'ordre de la mécanique animale. Il y a là une solution désespérée, les psychologies objectives ne l'étaient que dans les préfaces et elles avaient l'habitude de réintroduire dans le texte, avec plus ou moins de naïveté, les notions introspectives

. D'où,-d'une and . Part,

, Ce qui fait donc que la psychologie ne peut pas se constituer en science positive, c'est que, ne pouvant satisfaire que partiellement à ses conditions d'existence, elle est enfermée dans l'antithèse de l'objectivité et de la subjectivité, 1928.

C. L'opposition-au-behaviorisme, psychologie sans sujet", s'appuiera d'ailleurs fréquemment sur la critique du positivisme, lequel conduit à une conception étriquée de l'objectivité : PIAGET (1980), Qu'est-ce que la psychologie ?

, il m'est agréable de signaler que cette position dans la classification des sciences correspond depuis longtemps à une grande tradition genevoise : en fondant dès 1890 la chaire que j'ai l'honneur d'occuper aujourd'hui. Th. Flournoy a voulu la placer à la Faculté des sciences, et cet exemple est souvent cité. Mais cette situation est parfois source de graves malentendus, car certains philosophes (je pense entre autres à Husserl et à la phénoménologie) opposent le transcendantal au " naturel " pour souligner les insuffisances du " naturalisme ". Rappelons que le transcendantal se réfère aux conditions préalables de la connaissance et à ceux de ses instruments qui sont antérieurs à l'expérience, et si cela est compris aujourd'hui dans sa grande majorité des pays (sans l'avoir été partout)

, positivisme " qui a donné de la nature et surtout des sciences de la nature une image trop étroite, constituant ainsi une cible facile pour les tirs même mal réglés. Le positivisme est une doctrine des frontières de la science, et il voudrait limiter celle-ci à certains problèmes, les autres étant " métaphysiques " (d'où la tentation de doubler la psychologie scientifique par une psychologie " philosophique, L'origine de ces malentendus tient d'ailleurs à certains savants autant qu'aux philosophes : elle est à chercher dans le

. Or, Elles admettent les deux principes fondamentaux que se donnait jadis Flournoy : tout est possible (" il y a plus de choses entre ciel et terre? ") mais le poids des preuves doit être proportionné à l'étrangeté (ou à la nouveauté) des faits. En une telle perspective le " naturalisme " au sens classique (et à celui que voulait encore combattre Husserl) n'est qu'un mythe, et cela pour deux raisons. La première est que la nature est inépuisable et que l'on ne peut la connaître que par approximations successives, elles sont indéfiniment " ouvertes " sur de nouveaux problèmes

, Mais, selon les recherches que l'on poursuit, il est impossible de dissocier la psychologie et l'épistémologie. Certes, si l'on n'étudie qu'un seul niveau de développement (par exemple l'adulte ou l'adolescent), il est facile de distinguer les problèmes : d'un côté l'expérience psychologique, l'affectivité, l'intelligence en son seul fonctionnement etc. ; et d'un autre côté les grands problèmes de la connaissance (épistémologie), etc. Mais si l'on s'occupe des fonctions cognitives et qu'on se place au point de vue du développement pour étudier la formation et les transformations de l'intelligence humaine (et c'est pourquoi je me suis spécialisé en psychologie de l'enfant), alors les problèmes se posent tout autrement : comment s'acquièrent les connaissances et comment s'accroissent-elles et s'organisent ou se réorganisent-elles ? Telles sont les questions à résoudre. Mais en ce cas les solutions qui s'imposent et entre lesquelles on ne peut que choisir en les affinant plus ou moins, sont nécessairement des trois types suivants : ou bien les connaissances proviennent exclusivement de l'objet, ou bien elles sont construites par le sujet à lui seul, ou bien elles résultent d'interactions multiples entre le sujet et l'objet mais lesquelles et sous quelles formes ? Or, on le voit d'emblée, ce sont là des solutions épistémologiques, La seconde raison est que la connaissance ou les sciences de la nature sont en constance réorganisation. Or il en résulte qu'aucune d'entre elles ne peut être étalée sur un seul plan et que chacune comporte des étages Quatrième remarque : on dira que je fais ainsi de la philosophie ou de l'épistémologie et non plus de la psychologie scientifique

D. Ma-cinquième, la psychologie, comme toutes les sciences, ne peut vivre et prospérer que dans une atmosphère interdisciplinaire, Bulletin de, p.348

. Bruner, Car la culture donne forme à l'esprit, 1991.

, Réduire la signification ou la culture à une base matérielle, dire que " cela dépend " de l'hémisphère gauche, par exemple, c'est trivialiser les deux aspects au nom d'une volonté assez déplacée d'évoluer dans le " concret ". Insister sur une explication en terme de " causes " nous interdit tout simplement d'essayer de comprendre comment les êtres humains interprètent leur monde et comment nous interprétons leurs actes d'interprétation. Si nous considérons que l'objet de la psychologie (et de toute entreprise intellectuelle) est d'atteindre à la compréhension, pourquoi faudrait-il nécessairement et dans tous les cas comprendre par avance le phénomène à observer, ce que prétend faire la prédiction ? Les interprétations plausibles ne sont-elles pas préférables aux explications causales, particulièrement lorsque pour parvenir à l'explication causale nous sommes contraints d'artificialiser ce que nous étudions au point qu'il est difficile d'y reconnaître une représentation de la vie humaine ?, Cette étude ne prétend pas être " exhaustive " et traiter de tous les aspects du processus de fabrication de la signification, 1991.

, Mais qu'entendons-nous par cette affirmation ? Nous entendons, ou que cette vibration est suivie de ce son et que toutes les vibrations semblables ont été suivies de sons semblables, ou que cette vibration est suivie de ce son et qu'à l'apparition de l'une l'esprit devance les sens et forme immédiatement une idée de l'autre. Nous pouvons considérer la relation de cause à effet sous l'un de ces deux jours ; mais, en dehors d'eux, nous n'en avons pas d'idée. Exercice n°5 : Une autre source de conviction de l'existence de Dieu, liée à la raison et non aux sentiments, me parait de bien plus de poids. Elle découle de la difficulté extrême, presque de l'impossibilité, à concevoir cet univers immense et merveilleux, comprenant l'homme avec sa capacité de voir loin dans le passé et vers l'avenir, comme le résultat d'une nécessité ou d'un hasard aveugles

, Naît alors le doute -l'esprit de l'homme, dont je crois pleinement qu'il s'est développé à partir d'un esprit aussi fruste que celui de l'animal le plus inférieur, mérite-t-il confiance lorsqu'il tire d'aussi importantes conclusions ? Celles-ci ne sont-elles pas le résultat de la connexion entre cause et effet, qui nous parait nécessaire, mais qui dépend probablement d'une expérience héritée ? Ne sous-estimons-nous pas la probabilité qu'une éducation constante à la croyance en Dieu dans l'esprit des enfants ne produise un effet si puissant

, Un homme qui n'a pas de croyance affermie et constante en l'existence d'un Dieu personnel, ou en une existence future avec rétribution et récompense, ne peut avoir comme règle de vie, à ce qu'il me semble, que de suivre ses impulsions et ses instincts les plus pressants

, un homme regarde l'avant et l'après, et compare ses divers sentiments, désirs et souvenirs. Il découvre alors, en accord avec le jugement des hommes les plus sages, que la plus grande satisfaction résulte de l'obéissance à certaines impulsions, les instincts sociaux. S'il agit pour le bien des autres, il recevra l'approbation de ceux qui le connaissent et gagnera l'amour de ceux avec lesquels il vit ; et cela sera pour lui son plus grand plaisir sur la terre. Progressivement, il lui deviendra intolérable d'obéir à ses passions sensuelles plutôt qu'à des impulsions plus élevées qui