Visions et divisions
Résumé
Visions et divisions, Discours culturels de Punch et ordre social victorien (1850 1880) se donne pour objectif d’analyser le discours visuel du magazine en tant qu’espace de production et de mise en scène de l’altérité dans un but de préservation identitaire. Empruntant à Michel Foucault le concept de formation discursive et s'inscrivant dans la continuité des analyses les plus récentes sur la presse illustrée victorienne, en particulier les travaux de Peter Sinnema (Dynamics of the Pictured Page, 1998) et de Patrick Leary (The Punch Brotherhood, 2010), cet ouvrage envisage l'image de Punch non en tant que trace, mais en tant que construction multiforme et collective. Ce collectif, c'est tout d'abord celui de la rédaction du magazine, dont les archives manuscrites (carnets de plusieurs collaborateurs, albums et comptabilité de la firme Bradbury et Evans) offrent une source de documentation riche, abondante et en partie inédite, mais c'est également celui de ses lecteurs, dont l'adhésion et les témoignages contribuent à la diffusion de ce propos. Composé de trois grandes parties consacrées aux représentations de classe, de genre et à la figure de l'artiste londonien, Visions et divisions défend l'idée selon laquelle de la diversité et de la sérialité des vignettes de Punch émane au cours de la période considérée un discours graphique visant à tracer les limites de l'incorrect et, par là même, à dessiner en creux le portrait de la bienséance majoritaire. Dans le domaine social, objet des trois premiers chapitres, c'est la citoyenneté britannique qui se voit redéfinie, dans un contexte où les débats autour de l'élargissement du suffrage génèrent désaccords et anxiété. Les chapitres suivants (4 à 6) analysent le trait des satiristes de Punch en tant que limite à l'entrée progressive des femmes dans l'espace public, tandis que la dernière partie de l'ouvrage s'interroge sur le corps de l'artiste en tant que symptôme et discours sur la place de l'art dans la société.