, Âge héroïque se déroulant dans un tout autre paysage que l'Âge des saints. C'est ainsi que, dans le schéma anglo-saxon hérité de Bède et relayé tout au long de la période par Alcuin ou Wulfstan d'York 37 , le « temps des héros » est continental 38 , et se termine avec la migration et la conversion des Anglo-Saxons (Hengest, Horsa ou Cerdic sont d

. Le-«-temps-des-saints-»-se-situe-quant-À-lui-au-vii-e-siècle, . Dans-la-terre-promise, and . Bretagne, La séparation est donc radicale, et volontairement construite. Pourtant, la période de composition des textes est souvent la même, et même dans bien des cas les textes sur ces morts très spéciaux que sont les saints précède celle des textes sur ces morts très spéciaux que sont les héros : un grand nombre de spécialistes pensent aujourd'hui que Bède a précédé Beowulf, peut-être même de plusieurs siècles 39 . On l'aura compris, ce « modèle » anglo-saxon de l'Âge héroïque, qui est celui dont Chadwick a fait la matrice de ses propres conceptions, est profondément différent de celui qui, à la même époque, s'est développé dans le monde brittonique. Les deux peuvent certes être définis comme proprement « héroïques », et il ne me semble pas utile de disqualifier une des deux aires culturelles en essayant de prouver que seule l'autre correspond à un étalon prédéfini de ce qui fait la véritable poésie et l'authentique société héroïques : la preuve en est que l'une

, Medieval Historical Narrative, Leyde, 2016.

N. Howe, Migration and Mythmaking?, op

C. Pourquoi, bien que Chadwick s'appuie en premier lieu sur le texte insulaire qu'est le Beowulf, les cartes qui illustrent THA ne montrent que le continent

D. S. Cambridge and . Brewer, The Dating of Beowulf : A Reassessment, pp.133-137, 2014.

N. Jacobs, estime que seule une très faible proportion de la littérature anglo-saxonne répond à une définition de la poésie héroïque qu'il tire principalement du corpus gallois ; au contraire pour Helen Fulton, « Cultural Heroism in the Old North of Britain. The Evidence of Aneirin's Gododdin, The Old English Heroic Tradition in the Light of Welsh Evidence », Cambridge Medieval Celtic Studies, pp.18-39, 1981.

, Âge héroïque » construit par la poésie puis par les contes arthuriens et l'« Âge des saints » créé par la littérature hagiographique 41 : tous deux se logent dans la période qui va de la fin du iv e au début du vii e siècle, à savoir entre le règne de Macsen Wledig (Magnus Maximus, 383-388) et la défaite de Cadwallon de Gwynedd face à Oswald de Northumbrie (634) 42 . De part et d'autre de la Manche, la majorité des héros, de Galles comme dans les autres péninsules brittoniques, la séparation n'est pas de mise entre l'«

, En termes de géographie, les deux âges se confondent aussi, rappelant alors le modèle irlandais où (bien que les temps soient nettement séparés) Armagh et Patrick succèdent physiquement à Emain Macha et Cú Chulainn 44 : ainsi, Caerleon sur l'Usk est-elle un siège royal d'Arthur autant que le lieu du martyre des saints Julius et Aaron. En milieu brittonique, l'île de Bretagne est idéalisée et sacralisée à travers ses héros autant que par ses saints. Ajoutons pour terminer que, même si les « Âges héroïques » ont, comme les « Âges obscurs, sont « placés » dans ces siècles, que cela corresponde ou non à une réalité vérifiable par d'autres sources. Dans l'hagiographie galloise de la fin du xi e et du début du xii e siècle

B. Merdrignac and . Le, glaive à deux tranchants" et l'"âge des saints" », dans Id, Les saints bretons entre légendes et histoire : le glaive à deux tranchants, pp.195-213, 2008.

, Période qui coïncide plus ou moins avec l' « Âge héroïque des peuples teutoniques » de Chadwick (THA, l'amalgame est dès lors aisé, pp.28-29

E. Voir-par and . Andrew-breeze, Et comment ne pas citer Nora K. Chadwick, « The lost literature of Celtic Scotland. Caw of Pritdin and Arthur of Britain, Arthur in Early Saints' Lives », dans S. Echard (dir.), pp.115-183, 2011.

J. N. Sur-ce and . Radner, « 'Fury destroys the world' : Historical Strategy in Ireland's Ulster Epic », Mankind Quarterly, t. 23/1, 1982, pp.41-60