, en expliquant que : « Motif décoratif, dit-on ; nous l'admettons volontiers, mais dans la mesure seulement où Cicéron commandait en Grèce des Hermathenae pour « orner » son Académie, le gymnase de sa villa de Tusculum. En fait une idée religieuse est encore latente, car les portraits en question sont essentiellement de ces poètes ou de ces penseurs illustres, qui avaient en quelque sorte reçu délégation de la divinité : génies apolliniens ou dionysiaques, Hermès et de Dionysos, mais il s'intéresse également au motif de l'Hermès-portrait, p.624

, Lors de la présentation orale de ce travail, M. le Professeur Gilles Sauron a émis des doutes sur l'authenticité de ce double-hermès

S. Dillon, While it is commonly thought that double herms of Greek intellectuals were an invention of the second century CE, Christiane Vorster has recently argued that a double herm of Demosthenes and a much destroyed portrait, probably of Aeschines, from the villa at Fianello Sabino probably dates to the early first century BCE. ». Dans une publication du musée où se trouve aujourd'hui conservée l'oeuvre, la datation avancée est la première moitié du III e siècle ap, Die Antikensammlung im Pergamonmuseum und in Charlottenburg, p.33

P. Zanker, ». Di-seneca, A. Seneca-e-il-suo-tempo, ;. Del-convegno-internazionale-di-roma-cassino, R. Vi et al., 54 : « A fugare ogni dubbio c'erano, e ci sono ancora, l'iscrizione, senz'altro antica, e anche lo stile, che permette di datare l'originale che è alla base della doppia erma al periodo finale della vita del filosofo. ». En dépit de cette analyse graphologique, le Professeur Ermanno Malaspina a attiré mon attention sur la difficulté que présentait une datation du double-Hermès antérieure à la mort de Sénèque, Biblioteca di « Filologia e Critica, 1998.

, Il faut cependant noter que l'oeuvre que nous avons conservée est selon Paul Zanker une copie effectuée dans des dimensions plus modestes

P. Stendhal, V. Dans-rome, and . Del-litto-Éd, , p.302, 1993.

, On peut alors comprendre la réaction d'Alcibiade, qui philosophe : Mais si en rappelant mes souvenirs je mêle un peu tout dans mon discours, n'en sois pas surpris, car il n'est pas facile, avec un caractère déroutant comme le tien, et dans l'état où je suis, de dénombrer avec aisance et dans l'ordre. [ ?] Ainsi, par exemple, de ce que fut Achille on pourrait trouver une image dans Brasidas et d'autres ; ou bien encore de ce qu'est Périclès, dans Nestor, dans Anténor, et ce ne sont pas les seuls ; pour les autres aussi c'est de la même manière qu'on s'en ferait une image. Mais pour ce qu'est ce bonhomme-ci, et à quel point il est déroutant aussi bien dans sa personne que par ses propos, impossible de rien trouver qui en approche ; on peut chercher, et parmi les gens d'aujourd'hui, Séneca dos mil años después, p.797, 1997.

, Tout comme ses discours, son visage conduit la personne qui lui fait face à l'aporie. On comprend mieux alors l'anecdote rapportée à deux reprises par Cicéron, dans les Tusculanes et dans le De fato, qui met aux prises Socrate et le physiognomoniste Zopyre : Qui autem natura dicuntur iracundi aut misericordes aut inuidi aut tale quid, ei sunt constituti quasi mala ualetudine animi, sanabiles tamen, ut Socrates dicitur: cum multa in conuentu uitia conlegisset in eum Zopyrus qui se naturam cuiusque ex forma perspicere profitebatur, derisus est a ceteris qui illa in Socrate uitia non agnoscerent, ab ipso autem Socrate subleuatus

, ou à quelque passion pareille, ils ont pour ainsi dire une mauvaise constitution morale, mais n'en sont pas moins guérissables, à preuve ce que l'on rapporte de Socrate. Dans une réunion, Zopyre, qui se faisait fort de reconnaître la nature de chaque individu à son type physique, ayant chargé Socrate de tous les vices, mit en gaieté l'assistance, laquelle ne retrouvait point ces vices en Socrate, et ce fut Socrate, l'intéressé, qui tira Zopyre d'affaire en disant que ces vices-là étaient bien innés en lui, mais que la raison l'en avait débarrassé 75 . Quid? Socraten nonne legimus quem ad modum notarit Zopyrus physiognomon, qui se profitebatur hominum mores naturasque ex corpore, oculis, uultu, fronte pernoscere? Stupidum esse Socraten dixit et bardum, quod iugula concaua non haberet : obstructas eas partes et obturatas esse dicebat, Quant à ceux dont l'on dit qu'ils sont naturellement portés à la colère, ou à la pitié, ou à la jalousie

, Et Socrate ? N'avons-nous pas lu comment l'a caractérisé le physiognomoniste Zopyre, qui faisait profession de discerner les moeurs des gens et leur naturel d'après leur corps, leurs yeux, leur visage, leur front ? Socrate était un homme stupide, disait-il

, Banquet, 251a-221d : ¡Ea\ n me/ ntoi a) namimnvsko/ menoj aà llo aà lloqen le/ gw, mhde\ n qauma/ svj: ou), Platon

, Oiâ oj ga\ r ¹ Axilleu\ j e) ge/ neto, a) peika/ seien aà n tij kaiì Brasi¿ dan kaiì aà llouj

. Ne/-stora-kaiì-¹-anth/-nora, / zoi: Oiâ oj de\ ou( tosiì ge/ gone th\ n a) topi¿ an aÀ nqrwpoj, kaiì au) to\ j kaiì oi¸ lo/ goi au) tou= , ou) d' e) ggu\ j aÄ n euÀ roi tij zhtw½ n, ouà te tw½ n nu= n ouà te tw½ n palaiw½ n, ei¹ mh\ aà ra ei¹ oiâ j e) gwÜ le/ gw a) peika/ zoi tij au) to/ n, a) nqrwpwn me\ n mhdeni¿ , toiÍ j de\ silhnoiÍ j kaiì satu/ roij, au) to\ n kaiì tou\ j lo/ gouj

, il ajouta même : adonné aux femmes, à quoi l'on dit qu'Alcibiade éclata de rire 76

. La-physiognomonie, Or, loin de signifier l'incohérence de la physiognomonie, l'anecdote ici rapportée par Cicéron permet plutôt de mettre en lumière l'indépendance humaine face au donné biologique : le visage de Socrate est l'expression de la liberté humaine. Zopyre a donc fait preuve d'incompétence : le visage de Socrate, comme le dit Daniel Mc Lean 79 , suppose de la part de celui qui le regarde la capacité à construire une interprétation : s'en tenir à une vision première revient à ne donner qu'une caricature, une satire de Socrate, que l'on ne peut réduire ni à son apparence de Silène, ni à sa seule intériorité de sage. Le visage de Socrate, comme l'affirmeront fortement les stoïciens, est donc bien une image, mais dans le sens métaphorique du terme : il est l'illustration du cheminement philosophique, de la tension qui pousse le sujet éthique à s'améliorer. De par le mouvement qu'il implique, suppose, comme l'explique Arnaud Zucker 77 à la fois une dualité et une complicité psychosomatique que l'on retrouve exprimée à plusieurs reprises dans l'oeuvre de Platon 78

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, On peut ainsi penser, dans la République de Platon (en 336b par exemple) au personne de Thrasymaque dont le corps en sueur marque bien la bestialité avec laquelle il se jette dans la discussion

D. R. Mclean, ;. , M. Trapp, A. , A. et al., 74: « In effect, Socrates' appearance was such that merely to look upon him with an untrained eye was already to satirize him, The Socratic corpus: Socrates and physiognomy », Socrates from Antiquity to the Enlightenment, éd, 2007.

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