Education plurilingue et élèves allophones -pratiques contextualisées en Europe
Abstract
Cadre théorique, problématique et hypothèses
Dans le cadre de notre recherche doctorale en didactique du plurilinguisme (Education
plurilingue et élèves allophones – pratiques didactiques contextualisées en Europe), nous
travaillons sur la question essentielle concernant la mise en place des approches plurielles :
comment les enseignants prennent en compte les langues et les cultures de leurs élèves dans le
processus de l’enseignement/apprentissage ? Comment peuvent-ils s’appuyer sur les apports
des recherches en bi et plurilinguisme ? Ou comment en faire un enjeu de formation ?
En effet, compte tenu du nombre croissant des allophones dans les écoles européennes et de
leur hétérogénéité par rapport aux appartenances linguistiques et socio-culturelles, la prise en
compte des apports des recherches en bilinguisme a tout son sens dans l’enseignement et
l’apprentissage des langues. C’est ainsi que notre projet s’inscrit au développement de
l’interface acquisition/didactique. Car les études en acquisition de la L2 apportent de
nombreuses connaissances sur les bénéfices entre autres cognitifs pour les bilingues (Peal &
Lambert 1962 ; Tabouret-Keller 1963, 2011; Kern, 2006). D’autres ont montré qu’à l’âge
scolaire, il est possible de faire des liens entre L1 et L2 par rapport aux compétences orales ou
littéraciques, et que cela joue sur l’acquisition de la langue de scolarisation non seulement au
niveau langagier mais aussi par rapport à l’estime de soi et la motivation des apprenants (Lüdi
& Py 1986 ; Dabène 1994 ; Deprez 1994 ; Moore 2006 ; Cummins 2014 ; Akinci 2012).
Par ailleurs, quand à la didactique des langues, ce sont tout d’abord les études
ethnographiques qui ont décrit les interactions entre l’enseignant et l’élève, des moments de
réflexion sur les éléments acquis à l’extérieur de la classe et sur de nombreux va-et-vient entre
la L1 et la L2 (Cambra-Giné 2004 ; Sauvage 2014 , et autres). Dans le domaine du
plurilinguisme, les chercheurs ont également parlé des pratiques didactiques ayant pour
l’objectif l’acquisition de la langue de scolarisation (Candelier 2003 ; Auger 2005 ; Hélot
2007 ; Clerc 2008, entre autres). Basées sur les quatre approches plurielles : l’éveil aux
langues, la didactique intégrée des langues, l’intercompréhension ou l’interculturel (Candelier
et al. 2012), ces études montrent que l’enseignement/apprentissage peut se faire à l’appui des
savoirs, savoir-faire et savoir-être des élèves. C’est pour cette raison-là que les savoirs en
acquisition et les recherches en didactique des langues apportent des connaissances
importantes qui nous permettent de réfléchir sur la question de la réussite scolaire des élèves
apprenant la langue de scolarisation.
L’objectif de notre recherche doctorale est d’analyser comment les enseignants prennent
en compte, de façon empirique ou pas, leurs différentes connaissances pour comparer la
L1 et la L2 des élèves. Nos hypothèses sont donc les suivantes :
1. les connaissances ou les expériences en acquisition de la L2 aident l’enseignant à
comprendre un élève dans sa globalité et aussi, à identifier ses erreurs ;
2. a fortiori, ses savoirs influencent ses représentations et ses pratiques didactiques en
classe ce qui pourra contribuer à la réussite des apprenants en L2.
Méthode et données utilisées :
Ainsi, notre méthode se veut qualitative, et elle s’appuie sur les observations participantes
(Desgagné 1997 ; Blanchet 2000), sur les questionnaires et les entretiens semi-directifs
(pratiques déclarées) menés avec les enseignants dans deux collèges français, et
prochainement dans deux collèges : un en Italie et l’autre en Pologne.
Les données issues des observations visent à décrire des interactions entre les enseignants et
les élèves allophones en classe, endroit de l’apprentissage de la langue de scolarisation dans
lequel resurgissent aussi les éléments acquis dans d’autres contextes linguistiques et socioculturels, ou dans d’autres disciplines scolaires. Ainsi, le critère d’observation sur lequel nous
nous focaliserons est surtout l’échange entre les élèves et les enseignants. Ceci permet de voir
comment se font des liens entre les langues présentes en classe et quel sera leur impact sur
l’appropriation notamment du lexique ou de la grammaire de la langue de scolarisation.
Ensuite, la mise en place des questionnaires, suivis des entretiens semi-dirigés avec les
enseignants de toute discipline permettra de voir comment leurs biographies langagières
influencent leurs pratiques didactiques ; quelle est la part de leurs formations initiales et
continues ; quel est leur avis sur les efforts de leurs élèves allophones et quelles sont leurs
pratiques déclarées liées aux questions du bi et plurilinguisme de ces élèves.
Une partie de notre étude a commencé en France avec une équipe de recherche plurielle :
chercheurs, inspecteur, directrice du CASNAV. C’est cette collaboration qui nous permet
également de prendre distance et équilibrer notre recherche.
Domains
Linguistics
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Malgorzata JASKULA Poster ReAL 9,10 nov 2017.pdf (746.48 Ko)
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