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Article Dans Une Revue Glotta Année : 2016

hom. εὐηγενής

Résumé

Λ 427 αὐτοκασίγνητον P εὐηγενέος Σώκοιο Ψ 81 τείχει ὑπὸ Τρώων P εὐηγενέων ἀπολέσθαι (P : césure penthémimère) Dans un article de 1999 intitulé « εὐηγενής and εὐηφενής in Il. 11.427 and 23.81 » (Glotta 75, 107-113), Manuel Sanz s'est attaché à montrer que la leçon εὐηγενής a plus de légitimité que εὐηφενής et qu'elle constitue la lectio difficilior 1. Nous acceptons tout à fait ses arguments et admettons que cette forme a été employée dans la poésie épique ancienne 2. Reconnaissant avec les linguistes que εὐηγενής présente un-η-inattendu, Sanz considère que ce composé est une forme artificielle, mais la façon dont elle a été constituée n'est pas élucidée. Selon lui, ce-η-a probablement été emprunté à d'autres adjectifs composés. Les deux sources d'analogie qu'il propose sont d'une part les composés à premier membre εὐ-dans lesquels ce préfixe est suivi d'un-η-(hom. εὐ-ήκης, εὐ-ήρης et εὐ-ήνωρ), d'autre part des composés en-γενής dans lesquels le second membre est précédé par un-η-(hom. αἰθρη-γενής et νεη-γενής). Cela dit, le processus analogique garde son mystère car dans εὐήκης, εὐήρης et εὐήνωρ, l'origine du-η-était pour un Grec parfaitement claire, il s'agissait de l'allongement d'une voyelle brève à l'initiale du second membre de composé (cf., respectivement, base ἄκ-de ἀκίς et ἀκρός, base ἀρ-de ἀραρίσκω, ἀνήρ), et dans αἰθρη-γενής et νεη-γενής, l'origine du-η-est claire aussi : dans le premier composé, c'est la voyelle finale de αἴθρη ; dans le second, c'est un substitut métrique de la voyelle thématique de νεο-(cf. ἐλαφηβόλος Σ 319 en face de ἔλαφος) 3. Mais il n'en va pas de même dans εὐηγενής. Le composé normal est εὐγενής qui est un terme usuel, très bien attesté ailleurs que dans la poésie épique, c'est-à-dire chez les Tragiques, les Comiques, dans la prose de l'ionien et de l'attique, etc. Les particules qui servent au premier membre de composé ne sont pas susceptibles d'être élargies par un élément-η-, et les seconds membres de composés à initiale consonantique ne peuvent pas non plus être étoffés par la préfixation d'un tel élément: il n'y a rien de semblable dans les composés en-βενθής,-γηθής,-θαλής,-µενής,-σθενής, etc. Il y a donc là un mystère : comment un aède at -il pu créer (ou comment des aèdes ont-ils pu créer) une forme aussi aberrante ? Toute création linguistique demande un modèle, obéit à une logique, à des règles, y compris des 1 Voir aussi l'article bien documenté (avec bibliographie) de M. Schmidt dans le LfgrE 2 (1991), colonne 774. 2 C'est à tort que nous avons enregistré seulement εὐηφενής dans notre livre Les contraintes métriques dans la poésie homérique : l'emploi des thèmes nominaux sigmatiques dans l'hexamètre dactylique (Louvain-Paris, Éditions Peeters, 2008), p. 202 et 205. 3 Cf. B. Mader dans le LfgrE III, 304 (1993), avec indications bibliographiques (Risch, Shipp, Solmsen).

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Dates et versions

hal-02377614 , version 1 (23-11-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02377614 , version 1

Citer

Alain Blanc. hom. εὐηγενής. Glotta, 2016, 92, pp.56-59. ⟨hal-02377614⟩
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