Résumé : En affirmant le droit à la scolarisation pour tous, la loi du 11 février 2005 accorde une
nouvelle place aux parents sur le terrain de l’école, remettant en question les conceptions
et les pratiques enseignantes. L’école maternelle est particulièrement exposée à ces
évolutions, lorsqu’elle accueille des enfants en situation de handicap. De leur côté, les
parents redoutent que leur enfant ne trouve pas sa place pleine et entière dans l’école
ordinaire.
En quoi la participation parentale remet-elle en question la place de l’enseignant de
maternelle? Jusqu’où peut aller la participation des parents? Quelles sont les conditions
d’une « juste place » pour chacun?
La présente contribution s’appuie sur une recherche normande sur l’accueil collectif de
la petite enfance en situation de handicap (Thouroude, 2012). Nous avons sélectionné
14 entretiens semi-directifs de parents d’enfants handicapés scolarisés en maternelle
et 14 entretiens d’enseignantes de maternelle. Nous avons recueilli leurs points de vue
et ressentis respectifs sur la scolarisation des enfants concernés : objectifs éducatifs,
accompagnement, qualité de vie dans l’école.
Les enfants sont signalés à la MDPH et présentent la caractéristique commune
de poser problème au système éducatif en raison de difficultés d’ordre cognitif et/
ou comportemental. Les recherches témoignent de résistances particulières des
enseignants à l’égard des handicaps intellectuels et des troubles du comportement
(Chauvière et Plaisance, 2008). Les difficultés des enseignants à faire en sorte que ces
enfants trouvent leur place dans l’école font écho à celles des parents qui ont fait le choix
de scolariser leur enfant dans l’école ordinaire, sans être assurés que sa scolarité se
déroulera dans les meilleures conditions.
En référence au concept d’entre-deux de Daniel Sibony (1991), nous analyserons les
éléments qui font obstacle à la participation parentale (manque d’entre-deux dans la
relation parent-enseignant) ou au contraire ceux qui les favorisent (présence de l’entredeux dans la relation parent-enseignant).
Sibony souligne que celui qui vit la situation de l’entre-deux est « en quête d’une
place » (1991, p. 225). Nous étudierons comment parents et enseignants conçoivent la
participation parentale. C’est dans l’entre-deux de la rencontre que se construit le lien
parents-enseignants, dans le respect d’une « juste place » pour chacun.