. Dans-sa-postface-À-l'oeuvre-au-noir, Marguerite Yourcenar témoigne en ce sens lorsqu'elle analyse ainsi son travail sur deux de ses personnages, Hadrien et Zénon. Si « l'invention d'un personnage "historique" fictif, comme Zénon, semble pouvoir se passer de pièces à l'appui », « encore bien plus que la libre création d'un personnage réel ayant laissé sa trace dans l'histoire, comme l'empereur Hadrien », elle affirme que les deux démarches sont en fait comparables « sur bien des points » : Dans le premier cas, le romancier, pour essayer de représenter dans toute son ampleur le personnage tel qu'il a été, n'étudiera jamais avec assez de minutie passionnée le dossier de son héros

. Dans-le-second and . Cas, pour donner à son personnage fictif une réalité spécifique, conditionnée par le temps et le lieu, faute de quoi le « roman historique » n'est qu'un bal costumé, réussi ou non, il n'a à son service que les faits et dates de la vie passée

. Le and . Évidemment, la première liberté de l'auteur ; mais, qu'il s'agisse de récits de pur divertissement ou d'oeuvres de grande qualité littéraire, l'écrivain peut toujours, par son traitement du personnage, se ménager des libertés et trouver des zones blanches où laisser libre cours à sa créativité, même en s'appuyant sur les éléments incontestables du dossier biographique. Paradoxalement, plus grande sera la proximité que l'auteur entretient avec son personnage

M. Yourcenar, . Paris, . Gallimard, and . Folio, re éd. Gallimard, 1968.