Abstract : L’histoire du concept « φραγκοκρατία » s’insère dans un long débat idéologique, qui
concerne l’appréhension de l’identité grecque depuis le Moyen Âge et découle de
la place accordée à Byzance dans l’historiographie grecque des XIXe et XXe siècles.
Confrontés aux Turcs et à l’Occident, les érudits byzantins – puis grecs – définissent
l’ethnicité hellénique en s’appuyant sur des critères géographiques, politiques, culturels,
linguistiques ou religieux. En une première partie, le phénomène est examiné
à travers les productions de lettrés ressortissant tant de l’Empire byzantin que des
pays grecs sous domination latine. On y observe l’hétérogénéité des ethnonymes
utilisés pour caractériser les envahisseurs (« Francs », « Latins », « Occidentaux »,
« Vénitiens »), dont le parcours sémantique – sens collectif ou spécifique – acquiert
progressivement des connotations péjoratives. Cet héritage lexical complexe se transmettra
aux époques ultérieures (à suivre).