Résumé : Dans le cadre de cette communication, les auteurs s’interrogent sur les enjeux des conflits de territoires et de rôles entre les différents acteurs éducatifs au niveau d’une commune dans
le contexte de la réforme des rythmes scolaires.
Notre étude mobilise d’abord un double corpus de données recueillies à l’occasion de deux enquêtes de terrain menées dans la même ville, à la demande de la municipalité, en 2012 et 2016.
La première de ces recherches, menée avant l’application de la réforme, a porté sur l’analyse du
fonctionnement d’un dispositif mis en œuvre dans le cadre du Contrat Local d’Accompagnement
à la Scolarité (CLAS), s’inscrivant dans une démarche compréhensive visant à identifier les freins
et leviers d’évolution de cette éducation partagée. Nous nous sommes à la fois intéressés au
discours des différents acteurs (institutionnels, enseignants, intervenants variés dans le cadre de
l’aide aux devoir) grâce à de nombreux entretiens (N=27), et aux pratiques d’accompagnement
à travers nos observations de séances d’aide aux devoirs mais aussi des transitions entre les différents temps éducatifs. Cette première immersion nous a amenés à mettre en évidence, dans la
mise en perspective des discours et des pratiques, des difficultés relatives aux représentations des
rôles et missions de chacun des acteurs et au partage des espaces éducatifs.
Une seconde enquête programmée sur l’année scolaire 2015-16 porte sur l’analyse du dispositif mis en place en réponse à la réforme des rythmes scolaires, avec la même visée compréhensive,
à partir d’une enquête qualitative par entretiens auprès des acteurs (membres du comité de
pilotage du dispositif, institutionnels, enseignants, animateurs, intervenants extérieurs) et observations des transitions et temps d’activités périscolaires.
Au-delà de la demande municipale qui a d’abord guidé ces enquêtes, nous avons effectué un
travail collectif de formulation des questions de recherche et des modalités de recueil de données,
élaborées dans le dialogue avec l’équipe municipale en fonction de ses besoins exprimés, des possibilités/contraintes d’accès aux personnes et aux terrains, mais aussi à partie de la synthèse des
travaux sur ces questions apportée par les chercheurs.
Outre les demandes institutionnelles, l’opportunité d’un retour sur le même terrain après la
mise en place de la réforme a été pour les chercheurs l’occasion de dégager une nouvelle problématique : dans quelle mesure la réforme des rythmes et une institutionnalisation nationale du
partage de l’éducation ont-t-ils eu un effet sur les enjeux de rôles et de territoires entre les acteurs
éducatifs de la commune ?
• Regard réflexif sur la question de recherche
Notre proposition s’inscrit dans la perspective compréhensive des atouts et des limites de la construction des objets et démarches de recherche autour des enjeux de dialogue et de co-construction
entre la demande émanant du terrain et les chercheurs, et la place que peut prendre le questionnement des chercheurs au-delà de la demande initiale.