Résumé : Depuis la découverte en 1922 de la tunique historiée de Saqqâra, les études se sont succédé pour la dater et l’interpréter, sous différents angles. Dans ce document d’époque romaine, on a reconnu le bénou d’Héliopolis sur la butte de la création originelle. Mais l’iconographie de l’oiseau est influencée par le mythe gréco-romain du phénix, puisqu’un jeu de mots remplace le traditionnel héron cendré par un flamant rose, phoinikopteros, tel qu’il se voit aussi approximativement à la même époque sur la monnaie d’Hadrien intronisant le phénix comme symbole impérial ; il n’a pas un « bec de vautour » en référence au hiéroglyphe de l’année. Quant à la butte, son curieux décor ne montre ni « bandelettes sacrées », ni « flammes », ni « rochers » symbolisant les douze mois de l’année, mais treize plants de papyrus et les sept bouches du Nil, c’est-à-dire une image gréco-romaine du delta, dans une lecture topographique horizontale qui se superpose à la lecture verticale et temporelle.