Looking at Movie Fans
Résumé
Focusing upon pictures of male and female readers in French film magazines during the interwar years, this paper explores some of the ways movie fans lived, expressed and shared their passion. The paper is built around three case studies: one on portraits sent to magazines in order to participate to several “search for a star” contests; a second on pictures published in the mail section of the magazine Pour Vous; and a final case study on pictures showing stars side by side with the lucky winners of a movie culture contest organised by Cinémonde in 1932.
Each of these case studies offers an opportunity to gather factual data about the readers of the magazines. At the same time it questions their value because such documents cannot be separated from their social uses and meanings. Far from being an accurate sociological portrait of the French cinephilic community of the interwar period, these documents should rather be considered as a testimony on the way people appropriated the movies, with the help of the magazines but also on their own initiative. By putting a face on otherwise anonymous ordinary spectators, they help us to assess cinema as a social phenomenon and a culture shared by some kind of family that brings together cinephiles from all countries and all ages. Sometimes giving the feeling of browsing through an old family album, these pictures remind us today that not only stars but also movie fans had faces.
Cet article se penche sur des photographies de lecteurs et de lectrices parues dans des magazines de cinéma français pendant l'entre-deux-guerres, afin d’explorer des manières de vivre, exprimer et partager alors la passion du cinéma. Le texte s'articule autour de trois études de cas : la première porte sur des portraits envoyés dans le cadre de concours visant à découvrir de nouvelles stars ; la deuxième analyse des images publiées dans la rubrique du courrier des lecteurs de l'hebdomadaire Pour Vous ; la dernière s’attache enfin à des photographies montrant des stars côte à côte avec les heureux gagnants d'un concours organisé par le magazine Cinémonde en 1932.
Chaque étude de cas permet de recueillir des informations factuelles sur le lectorat des magazines, mais en même temps elle questionne leur valeur, car de tels documents ne peuvent être séparés de leurs utilisations et significations sociales. Loin de les considérer comme un portrait sociologique précis de la communauté cinéphile française de l'entre-deux-guerres, il faut plutôt les aborder comme un témoignage sur la manière dont les gens s'approprient les films, avec l'aide des revues mais aussi de leur propre initiative. En donnant un visage à des spectateurs et des spectatrices ordinaires, ces photographies nous aident à approcher le cinéma comme un phénomène social et une culture, partagée par une sorte de famille qui regroupe des cinéphiles de tous pays et de tous âges. Donnant parfois l'étrange impression de feuilleter un vieil album de famille, ces photographies nous rappellent aujourd'hui que non seulement les stars mais aussi les amoureux du cinéma avaient des visages.