Sous le signe de Nabu. Réflexions à propos de la traduction française. De Conversazione in Sicilia d'Elio Vittorini - Normandie Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 1992

Sous le signe de Nabu. Réflexions à propos de la traduction française. De Conversazione in Sicilia d'Elio Vittorini

Résumé

Lorsqu'ils devaient traduire, les scribes de Babylone faisaient appel à un Dieu nommé Nabu. On ne sait si une telle protection se révélait toujours efficace, mais le recours à une aide extérieure, fût-elle divine, semblerait indiquer que le traducteur, dès les siècles les plus reculés, a ressenti la noble difficulté de son art. Traduire, c'est vouloir atteindre un mirage impossible en conciliant création et soumission, liberté et asservissement, audace et respect. Tout texte est a priori intraduisible et pourtant tout texte peut se traduire. Dans Les problèmes théoriques de la traduction, Georges Mounin expose ce paradoxe de façon plus rigoureuse en montrant comment les grands théoriciens de la question se divisent en deux écoles. Certains, s'inscrivant dans la tradition aristotélicienne, instituent entre signifiant et signifié un rapport de renvoi simple et automatique par lequel le réel recoupe le concept qui en est l'expression médiatisée, et cela sans perte ni ajout de sens. La traduction est alors une opération de transposition qui consiste à parer avec d'autres habits un corps qui demeure identique d'un domaine linguistique à l'autre. Cette conception « optimiste » se heurte aux objections d'une critique plus contemporaine et aujourd'hui dominante depuis les travaux des formalistes réunis autour de Roman Jakobson et depuis les recherches des théoriciens de l'incommunicabilité. Toute communication directe étant considérée comme impossible, la traduction devient un leurre esthétique ou une vaine chimère. Dès lors qu'au sein d'une même langue il existe une faille nette le réel et sa représentation, la traduction, qui ajoute à cette fissure la distance du passage à un idiome extérieur, ne peut qu'éloigner davantage l'objet et son signe linguistique. Le traducteur, en superposant au monde présenté par l'écrivain un langage parasitaire, repousse en fait la réalité qu'il est supposé saisir. Entre le texte d'origine et le texte transposé se glisse un nouvel obstacle qui est la subjectivité du traducteur. Notre étude entend appliquer ces remarques théoriques à la traduction de Conversazione in Sicilia d'Elio Vittorini par Michel Arnaud en 1948 (Gallimard).
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hal-02292077 , version 1 (19-09-2019)

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  • HAL Id : hal-02292077 , version 1

Citer

Vincent d'Orlando. Sous le signe de Nabu. Réflexions à propos de la traduction française. De Conversazione in Sicilia d'Elio Vittorini. Centre de Publications de l'Université de Caen. La France et l'Italie: traductions et échanges culturels, 1992, 2-905461-71-3. ⟨hal-02292077⟩
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