M. Attesté-par and . Vincent,

A. Thibault and «. , Variation diatopique et diastratique dans les Archives de la parole du fonds Brunot : le cas des enquêtes du Berry », dans Joëlle Ducos et Gilles Siouffi, p.133

. C. Op, XIV : un homme ben counu

, André Thibault, art. cité, p.134

O. Jaubert and P. X. ,

, du -t de liaison et de la forme réduite du pronom personnel par suite de la chute du -l final, générale autrement (la prononciation du -l a été rétablie à époque récente par influence de la graphie) », explique André Thibault, art. cité, p.136

M. , Vincent a rencontré cette personne : « Mlle Louise Biaud et sa soeur Mme Dru m'ont initiée à la langue que G. Sand parlait dans son enfance avec leur mère, p.32

. Par, 152 : « Plus je vas, plus ma liberté et ma gaieté me plaisent

, cette phrase où s'observent l'usage le plus rigoureux du plus-que-parfait du subjonctif (une hypercorrection qui s'écarte du projet de rendre un parler populaire) et la mauvaise construction du verbe « rester » au conditionnel passé : « À la place de Joset, j'eusse offert de la porter dans le mauvais chemin, ou, si je n'eusse point osé la prendre dans mes bras, à tout le moins j'aurais resté derrière elle pour regarder tout mon soûl sa jolie jambe, p.127

, Pour qu'on puisse apprécier toute l'étendue du travail de francisation et de normalisation opérée par Sand, MarieLouise Vincent met en regard des passages des Maîtres Sonneurs et la traduction qu'elle en a demandé à des paysans berrichons. C'est assez comique : « Je trouvai [?] de l'agrément à bécher, planter, récolter, mais sont rares 63

«. Ma-tante-ne-se-pouvait-lasser-de-regarder-thérence, Et plus simplement encore, le très élégant « Je lui parlai deux ou trois fois sans avoir réponse » : J'y ai parlé? y a pas répondu 64 . Sand n'exploite pas les ressources comiques que représente ce type d'énoncé, et d'une manière générale elle exploite peu les ressources rhétoriques et stylistiques de l'interaction orale dans le discours du narrateur, non plus que dans les prises de parole des personnages, quoique le récit consiste pour une bonne part en dialogues. Les adresses de Tiennet à son auditoire sont quasi inexistantes, de même que, bel exemple d'hypercorrection, typique du style des Maîtres Sonneurs, devient : Al pouvient pas s'ôter d'la regarder. « Allons, allons, rentrez vos pleurs et vous endormez », qu'on croirait sorti de L'École des femmes

L. Ainsi,

, avait déjà appris à m'orienter, non par les étoiles, qui ne se voient pas toujours en une forêt, mais par la direction des maîtresses branches, lesquelles, en nos pays du mitant, sont souvent battues du vent de galerne et s'étendent plus volontiers vers le levant du jour

L. , eusse été galopé de quelque souci d'esprit et fatigué de mon corps, j'aurais pris aise à la promenade. Il ne faisait point clair de lune ; mais les étoiles brillaient dans le ciel, qui n'était embrouillé d'aucune nuée ; et mêmement, sous la feuillée, p.271

L. Narrateur, comme le vieux Chactas dans Atala ; son phrasé a toujours une certaine ampleur, une certaine régularité qui crée une habitude, qui donc en l'occurrence habitue à l'inhabituel, régularise l'irrégulier. Il semble que la solidité de la syntaxe y soit pour quelque chose, sans qu'il faille en déduire que les formes de phrase se répètent, tout vieux et paysan qu'il soit, possède une compétence remarquable pour la composition

, Elle était grande, mince, large d'épaules et dégagée, comme son frère, dans tous ses mouvements. Naturellement brune, mais vivant toujours à l'ombre des bois, elle était plutôt pâle que blanche ; mais cette sorte de blancheur-là charmait les yeux, en même temps qu'elle les étonnait, J'en étais là de mon raisonnement, quand je vis revenir Huriel, menant avec lui une fille si belle que Brulette n'en approchait point, p.220

, Que » pour « si bien que » par exemple, et plus généralement comme conjonction à tout faire : « Aussitôt ce devint comme une rage, on ne s'y mit plus à quatre ni à huit, mais bien à seize ou à trente-deux, se tenant par les mains, sautant, criant et riant, Signalons également l'emploi d'infinitives là où l'on attendrait plutôt des complétives : « On ne souffrait aucun bétail paître dans la forêt, p.103

, Je n'estime pas la mienne mériter tant d'affection, p.237

. Ibid, Les prises de parole des personnages ne sont l'occasion d'aucun relâchement langagier. Le vouvoiement très poli et la délicatesse sont de mise entre personnes qui n, p.100

B. Thérence, . Lui-dis-je, . Tremblait, and . Suffoquait-comme-d'une-colère-rentrée, je pense que nous sommes cause, ma cousine et moi, de l'ennui que vous avez. Nos figures vous choquent, et surtout celle de Brulette, car je n'estime pas la mienne mériter tant d'attention. (p. 237) Les explications les plus émues ne s'écartent pas de la mesure : Eh bien, la cause, dit Brulette, c'est qu'il ne m'aime pas comme je voudrais être aimée. J'ai connu Joseph dès ses premiers ans ; il n'a jamais été aimable avant de venir ici, et il vivait si retiré en lui-même que je le jugeais égoïste. À présent, je veux croire qu'il ne l'était pas d'une mauvaise façon ; mais, après l'entretien que nous avons eu hier ensemble, je suis toujours assurée que j'aurais, en son coeur, une rivale dont je serais vitement écrasée, et cette maîtresse qu'il préférera à sa femme, p.242

, ils conservent dans l'expression de la tristesse une dignité qui nous évoque les personnages des pastorales : Il me semble que je suis liée à un joug et que je pousse en avant, de ma tête, sans savoir quelle charrue je traîne derrière moi. Tu vois que je n'en suis pas plus triste et que je n'en veux pas mourir ; mais je confesse que j'ai regret à quelque chose dans ma vie, non pas à ce qui a été, mais à ce qui aurait pu être, Et même si les métaphores qu'utilisent les amants font écho à leur condition de paysan, p.339

, Toujours très densément segmentée, comme ces exemples l'ont fait voir, elle est tendanciellement plus sinueuse. L'abondance des expansions du nom, dans l'exemple suivant, forme des séries variées d'adjectifs, de participes présents et passés, de relatives

. C'était-chemin-et-pâturage-bien-large, et arrosé, à l'aventure, des belles eaux de la source, qui n'étaient point réglées et s'en allaient de ci et de là sur un herbage court, tondu à toute heure par les troupeaux et réjouissant à voir par son étendue, p.106

, Le recours fréquent aux participiales provoque des incises, que redoublent éventuellement, comme ici, les subordonnées : Cela dit d'un air de vérité et d'amitié me commandait de m'engager ; et, de fait, ne pouvant abandonner Brulette chez des étrangers, encore qu'une huitaine me parût bien longue, j'étais obligé de me ranger à son vouloir et à l, p.227

, qui peut donner un sentiment de maladresse : Elle paraissait chagrinée de lui avoir été un peu rêche, mais ne savait plus comment revenir là-dessus, car il parlait d'autres sujets, nous donnant explication du pays Bourbonnais, où, depuis le passage de la rivière, nous étions entrés, me faisant connaître les cultures et usances, et raisonnant en homme qui n'est sot sur aucune chose, L'alternance des structures participiales et des subordonnées prend quelquefois un tour inattendu, p.206

, Aucun des aspects de ce lexique, aucun des aspects de cette syntaxe, n'est à cet égard plus important qu'un autre ; c'est l'équilibre qui compte et le contact des variantes du français. Les petits décalages lexicaux, entre élégances (en homme qui n'est sot sur aucune chose) et tours familiers (revenir là-dessus) constituent l'un des secrets de la fabrication du texte. L'emploi métaphorique de l'adjectif rêche, la locution vieillie donner explication de 65 , le mot vieilli usances, Mais l'hésitation de cette phrase à finir, c'est-à-dire en l'occurrence son effort pour réunir les points de vue des trois personnages, à un moment décisif de leur histoire

, Les impressions, les émotions que Sand cherche à rendre sont toujours celles que sont susceptibles de vivre des personnes qui habitent dans le voisinage des bois et des bêtes, qui ne possèdent ni cartes ni livres, qui vivent avec la possibilité de se perdre, de se blesser le corps, d'être démuni face aux éléments, de rencontrer le danger. Les maîtres sonneurs eux-mêmes ne sont aucunement représentés comme une part d'urbanité qui viendrait civiliser et comme attendrir ce monde, de bricolage qui se donne empiriquement ses propres règles. Cette représentation du langage rend compte de son propre rapport à l'écriture, que ce soit dans ce texte ou dans d'autres (dans sa correspondance par exemple)

, J'allais tirer de ce côté-là, pensant que j'y trouverais la sente qui coupait le bois en droite ligne, lorsque j'entendis le son d'une musique, qui était approchant celui d'une cornemuse, mais qui menait si grand bruit, qu'on eût dit d'un tonnerre, p.99

. Si and . Qu, Aucun intérieur ne peut jamais lui faire penser au sien, aucun extérieur ne ressemble jamais à sa rue et à son parc. L'univers matériel (paysages, meubles, outils, animaux) lui apparaît dans son jus peut-être simplement parce que les mots qui le désignent ne sont pas les siens. Ce qui nous suggère l'authenticité de ce monde, ce n'est pas que les mots soient authentiques, c'est l'opacité partielle du texte, à travers laquelle nous nous frayons notre propre chemin. Elle fonctionne comme un marqueur, non pas de l'appartenance du personnagenarrateur à une communauté linguistique spécifique, dans laquelle il serait enfermé, mais plus radicalement comme un indice de son altérité constitutive. L'ensemble des accidents que le lecteur perçoit dans son discours alimente une rêverie qui

, La langue possible La grande inventivité linguistique de ce texte est la plus claire illustration de la perception qu'avait Sand des potentialités infinies du langage et des potentialités infinies de la musique, ensemble et parallèlement. Ce roman est à la fois un conservatoire de langue et un laboratoire de langue. Il met en contact, éventuellement dans une même phrase ou un même paragraphe, différentes virtualités du français

, L'omission de l'article, signe d'archaïsme dont on a déjà vu plusieurs exemples, est récurrente dans les locutions impliquant le verbe donner, p.295

. De, ) ; ou en position attributive : ce sont gens sauvages, méchants et mal appris, p.133

, Il n'y a pas à proprement parler de plurilinguisme des Maîtres Sonneurs, il y a plutôt une dialectisation de la notion même de français -voire, plus généralement, de la notion même de langue 66 . La proposition langagière de Sand est ici radicalement anticlassique, dans la mesure où elle plaide pour une dissipation des frontières de ce qu'on nomme langue française, pour une extension et pour une diffusion de la notion, qui se voit réappliquée sans souci de pureté à tout l'espace social, y compris à des zones où l'on n'a qu'une pratique occasionnelle de l'écrit. Avec la notion de langue française, c'est aussi celles de standard et de trope qui se trouvent problématisées. On hésite fréquemment, sinon constamment, à assigner les petits événements lexicaux et plus rarement syntaxiques du texte à un type précis du figural : archaïsme, localisme, ou trope. Dans le thème du musicien qui s'isole pour travailler son instrument, qui y règle son corps et son souffle, on voit une allusion à Chopin, mais on voit aussi l'écrivaine elle-même dont le rapport à la langue est exemplaire de ce moment linguistique qu'est le romantisme, formes du même mot (vas/vais) ou plusieurs mots formés sur le même radical et exprimant la même idée (doucement/doucettement). Considéré dans sa globalité, il est le résultat de l'orchestration de ces virtualités du français

G. Siouffi-voit-de-même-en-balzac-le-tenant-d'une-«-linguistique-barbare, Vrai ou faux, attesté ou non, légitime ou illégitime, noble ou pas, le mot peut être le support d'une dynamique qui manque à la langue. C'est pourquoi, s'il y a une "linguistique barbare" chez Balzac, donc, c'est une linguistique du mot, du verbe, et non une linguistique de la langue, Balzac artisan d'une linguistique barbare » dans Éric Bordas éd, p.45, 2019.