Raconter ou lire une histoire ? Enquête sur les histoires insérées dans les narrations fictionnelles en prose des Scudéry - Normandie Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Elseneur Année : 2018

Raconter ou lire une histoire ? Enquête sur les histoires insérées dans les narrations fictionnelles en prose des Scudéry

Résumé

The corpus studied was composed of four novels (1641-1663) and eight short stories (1661- 1692). It reveals the importance of the oral element which can be attributed not so much to the oral source of the narration but to an aesthetic of emotion, prosopopeia being considered the most likely to move the reader. The principal narrator in the novels therefore delegates the telling of the story to secondary narrators, who improvise orally stories in which they, in turn, delegate the story-telling to their characters. It can also be seen that, unlike the stories inserted in the novels, the short-stories are generally presented as being written accounts and not of improvised oral origin. These short stories are inserted, with one exception, into conversations which comment upon them. They are not read when alone, in silence, but aloud to a group of acquaintances or friends. Furthermore, even if these narratives give the impression of being independent tales, the first persan still intervenes, albeit discretely and who directly addresses the reader just as the secondary narrator in the novels addressed his listener. The study has th us shawn that there is a reticence about the anonymity of the relationship between the author and the reader since printing was invented, on the one hand, and, on the other, a strong desire to control the interpretation of fictional narratives, whereas the printed version lends itself to a freedom of interpretation.
Le corpus analysé est composé de quatre romans (1641-1663) et de huit nouvelles (1661- 1692). On y observe l'importance de l'oral, qui doit être rapporté non tant à l'origine orale de la narration qu'à une esthétique de l'émotion, la prosopopée étant considérée comme la plus apte à émouvoir le lecteur. Le narrateur principal des romans délègue donc la parole à des narrateurs seconds, qui improvisent oralement des récits dans lesquels ils délèguent à leur tour la parole à leurs personnages. On y remarque aussi que, contrairement aux histoires insérées des romans, les nouvelles sont le plus souvent présentées comme des récits écrits et non improvisés à l'oral. Ces nouvelles sont insérées, à une exception près, dans des conversations qui les commentent. Elles ne sont pas lues en privé, silencieusement, mais à haute voix, à un groupe de familiers ou d'amis. En outre, même si ces récits donnent l'impression de se raconter tout seuls, un je y intervient encore, quoique discrètement, qui s'adresse directement à son lecteur comme le narrateur second des romans s'adressait à son auditeur. L'enquête montre donc une réticence envers l'anonymat de la relation qui lie l'auteur aux lecteurs depuis l'invention de l'imprimé, d'une part, et une forte volonté de contrôle de l'interprétation des narrations fictionnelles, alors que l'imprimé engage, lui, à une lecture en liberté, d'autre part.

Mots clés

Domaines

Littératures
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02171129 , version 1 (02-07-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02171129 , version 1

Citer

Marie-Gabrielle Lallemand. Raconter ou lire une histoire ? Enquête sur les histoires insérées dans les narrations fictionnelles en prose des Scudéry. Elseneur, 2018, L'oralité dans le roman (XVIe et XVIIe siècles), 32, pp.121-136. ⟨hal-02171129⟩
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