Le viol dans L’Astrée d’Honoré d’Urfé : représentation et enjeux - Normandie Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Tangence Année : 2017

Rape in L’Astrée by Honoré d’Urfé: representation and issues

Le viol dans L’Astrée d’Honoré d’Urfé : représentation et enjeux

Résumé

The portrayal of the rapist in Honoré d’Urfé’s novel contrasts with how this figure is usually depicted in pastoral literature. In pastoral plays, the rapist is a stock character: the Satyr. Half-man, half-animal, he causes fear in shepherdesses, yet is ridiculous because he’s a jilted lover whose violent attempts always fail. The Satyr is a comic figure: laughter exorcises fear. The situation changes, however, when the rapist is a shepherd: in this case, his intentions are hidden and it is not certain his attempt will fail. In L’Astrée, the shepherd, though full of tricks, never has recourse to sexual violence: the Satyr’s avatar is Hylas, who seduces shepherdesses instead of ravishing them or using force. On one hand, rape is the act of a foreign monster: it emphasizes the regulation of human relationships through “honest friendship”, which Urfé’s pastoral novel, published during the Catholic Reformation, represents for purposes of moral education. On the other hand, it is an act committed by tyrants, Romans or barbarians: rape in interpersonal relations is the equivalent of tyranny in politics. It is therefore foreign to Forez, a province that has maintained its traditional “honesty.”
Cerner la figure du violeur dans la pastorale en général permet de préciser par comparaison comment ce personnage est traité dans le roman d’Honoré d’Urfé. Dans la pastorale dramatique, le violeur est un personnage-type : le Satyre. Mi-homme mi-animal, lubrique par nature, il est craint des bergères, mais il est ridicule parce qu’il est un amoureux éconduit et qu’il échoue toujours dans ses tentatives violentes. Il est un personnage comique : le rire exorcise la peur. Il n’en va pas de même quand le violeur est un berger : rien ne laisse deviner ce qu’il est et on ne peut pas être certain que sa tentative va échouer. Dans L’Astrée, le berger, s’il peut user de toutes les ruses, ne recourt jamais aux violences sexuelles : l’avatar du Satyre est Hylas qui ne ravit ni ne force les bergères mais les séduit. Le viol est, d’une part, le fait du monstre étranger et, par contraste, valorise la régulation des relations humaines qu’est l’« honnête amitié », dont la pastorale urféenne, dans le courant de la Réforme catholique, donne une représentation à des fins d’éducation morale. D’autre part, il est le fait des tyrans, romains ou barbares : le viol dans les relations interpersonnelles est l’équivalent de la tyrannie en politique. Il est donc étranger au Forez, province qui a gardé ses anciennes « franchises ».

Domaines

Littératures

Dates et versions

hal-02171072 , version 1 (02-07-2019)

Identifiants

Citer

Marie-Gabrielle Lallemand. Le viol dans L’Astrée d’Honoré d’Urfé : représentation et enjeux. Tangence, 2017, Viol et littérature (XVIe-XIXe siècle), 114, pp.31-43. ⟨10.7202/1041071ar⟩. ⟨hal-02171072⟩
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