Langue du tyran, langue de la cité - Normandie Université Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2019

Langue du tyran, langue de la cité

Résumé

« La cité, ce sont les hommes » : toute la tragédie d’Œdipe pourrait s’interpréter dans ces paroles emblématiques prêtées par Thucydide à Nicias (Guerre du Péloponnèse, LXXVII, 7). Œdipe menant son enquête sur la mort de Laïos n’a d’abord pas voulu comprendre que c’est dans la continuité de la parole échangée, dans les échanges qu’énonce la langue, que les hommes construisent la cité, et construisent leur propre identité. Œdipe l’errant, le Thébain non Thébain, le citoyen non-citoyen, n’offre pas au début d’Œdipe roi – ou plutôt Œdipe le tyran, Oidipous turannos – l’image qu’on lui a longtemps accolée du bon roi plaçant toute son intelligence dans la recherche du salut de son peuple. Bien plutôt, la pièce s’ouvre sur le spectacle – theama – terrifiant de l’homme qui croit, dans un délire ipséiste, maîtriser à lui seul les mots au cœur desquels gît la vérité de la cité, lui qui énonce le contraire de ce qu’il croit dire, entend le contraire de ce qu’on lui dit. Il lui faudra s’astreindre à écouter, aller à la rencontre des mots de la cité – carrefour plus fatal que celui où il tua son père – pour apprendre – dans un drama collectif entraînant le poète, le chœur et les spectateurs –, ce que parler veut dire. Si la tragédie sophocléenne est apprentissage, Œdipe roi est bien la tragédie de la langue.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02164662 , version 1 (25-06-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02164662 , version 1

Citer

Claude Gontran. Langue du tyran, langue de la cité : L'Oedipe roi de Sophocle. Presses Universitaires de Rouen et du Havre, 2019, 979-10-240-1178-3. ⟨hal-02164662⟩
68 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More