, De la jouissance à l'amour il a décrit une existence à distance de soi. Comme il le dit déjà dans Le Temps et l'Autre 68 , le pathétique de l'amour est une relation avec ce qui se dérobe à jamais. Néanmoins, quelle est la phénoménalité de ce qui se dérobe à jamais, de l'absolument absent ? « Se dérober à jamais », ce n'est plus la réserve de l'être, la pudeur, qui a pu être décrite par Heidegger, mais quelle est ici alors la donnée phénoménologique, puisqu'il ne s'agit même pas de la donnée paradoxale de ce qui se donne dans sa réserve même ? Husserl disait lui-même que si l'autre est inaccessible directement il est tout de même là devant moi, en chair et en os, en personne. Comment penser une absence qui n'est pas la forme d'une donnée, d'une présence, d'une incarnation ? S'il est au plus haut point important de montrer qu'autrui m'est donné à aimer sans m'être donné à voir, aimer autrui n'est-ce pas aussi le voir dans la lumière de son être sans en briser le secret ? Si Levinas est un tournant dans le souci de décrire la transcendance spécifique de Dieu sans lui imposer un mode d'intuition qui viendrait d'ailleurs que de lui et si de cette façon il met en évidence que Dieu n'est ni un objet, ni une Idée, On peut se demander cependant si pour être soi comme en exil la lumière du monde n'est pas cependant nécessaire. Si la tâche d'être soi n'est pas donnée par le monde, n'est-elle pas toujours reçue dans le monde, c'est-à-dire également avec sa dimension de finitude ? La patience absolue tient-elle compte de la finitude essentielle de l'existence humaine, de l'action humaine

«. Le-temps, Le choix, le monde, l'existence, Cahiers du Collège philosophique, p.78, 1947.

, À comparer encore avec Vladimir Jankélévitch, Philosophie première, p. 4 : « La métempirie n'est donc pas encore une certaine modalité de l'empirie, Notes philosophiques diverses, p.231