, Mais dans les faits, le premier souverain de la famille n'était que le grand-père d'Alfred, Ecgberht, qui s'était imposé en 802 et avait transmis son pouvoir à son fils AEthelwulf. Il est possible que ce lignage n'ait même pas été ouest-saxon, mais originaire du Kent 40 -auquel cas son emprise sur le Wessex pourrait être décrite comme récente et fragile. Ajoutons que, comme l'a rappelé Janet Nelson, cette famille n'était pas vraiment un modèle d'harmonie 41 . On sait qu'AEthelbald, un des frères aînés d'Alfred, avait déposé son propre père AEthelwulf, que la dynastie des Ecgberhtings (les descendants d'Ecgberht), à laquelle appartenait Alfred, était toute récente. Certes, elle revendiquait une ascendance illustre en se rattachant à la figure de Cerdic, le légendaire fondateur du royaume ouest-saxon du début du VI e siècle 39

, On ne sait pas si AEthelbald et son frère et successeur AEthelberht ont eu une descendance, mais Alfred succède en 871 à un troisième frère, AEthelred, qui laisse au moins deux fils, en bas âge certes mais munis d'une forte légitimité : en effet, contrairement à l'usage ouest-saxon mais à l'instar de Judith, Carolingienne Judith, vol.42

L. , AEthelred (quelques semaines plus tôt, il était encore sur le champ de bataille) a propulsé le jeune Alfred au pouvoir, mais dans une situation inconfortable qui dura sans doute pendant tout son règne. Son testament, mais aussi les événements qui suivirent sa

, C'est ce que montre la généalogie insérée dans Anglo-Saxon Chronicle, ms. A, s. a. 855

, ), elle a été contestée récemment par R. Naismith, The Origins of the Line of Egbert, King of the West Saxons, fondée sur des identifications anthroponymiques relativement hasardeuses : défendue en particulier par A. Scharer, pp.1-16, 1996.

J. L. Nelson, Reconstructing a Royal Family, Reflections on Alfred, vol.2

I. N. Wood and N. Lund, People and Place in Northern Europe, 500-1600. Essays in Honour of, pp.47-66, 1991.

H. Asser and A. Du-roi, , p.17

P. Stafford, The King's Wife in Wessex, dans Past & Present, vol.91, pp.3-27, 1981.

. Ead, Succession and Inheritance : A Gendered Perspective on Alfred's Family History, Alfred the Great : Papers from the Eleventh-Centenary Conferences, p.260, 2003.

, comme le suggèrent les importants changements dans l'entourage royal après cette date 54 . Wulfhere espérait-il devenir lui-même le roi client des vikings, ou espérait-il obtenir des avantages sous un nouveau régime sous administration scandinave directe ? Les sources ne nous permettent pas de répondre à cette question, mais il est certain qu'en janvier 878 Guthrum a trouvé parmi l'élite ouest-saxonne des gens disposés à abandonner le roi en place et à coopérer avec lui, plus et mieux que ne l'avait fait le si peu fiable Alfred

, Ce n'est donc pas pour rien qu'Asser voit dans les événements de l'hiver, vol.878

. Grande-Épreuve, magna tribulatio) du roi 55 . Le tournant politique doit quant à lui être daté d'un peu plus tôt : au début de 876, après quatre années de règne relativement paisibles et marquées par l'entente avec les vikings et leur allié

A. Ceolwulf and . Fort, Il ne suivrait pas l'exemple de Ceolwulf et de Ricsige et ne « partagerait » pas le royaume avec eux au-delà de ce qui avait peut-être déjà été cédé en Essex ; au contraire, à l'instar d'Edmond d'Est-Anglie, il tenterait de résister. L'expérimentation peu concluante qu'a représenté en 876 le serment « sur l'anneau sacré », puis les succès plus nets mais pas encore décisifs du printemps 877, trouvent leur résolution lors de la « grande mise à l'épreuve » de ce choix politique somme toute courageux : n'oublions pas qu, ou a considéré ses adversaires-alliés suffisamment faibles, pour résister aux exigences de ce qui restait de la « Grande Armée

, ou simplement de sa chance, d'être sorti vainqueur de sa magna tribulatio. Sa victoire inattendue et écrasante sur Guthrum au printemps 878 confirme le renversement amorcé deux ans auparavant : les vikings, affaiblis et divisés par la stabilisation d

M. Et-en, ne sont plus en mesure d'établir avec Alfred le type de relation asymétrique qui avait caractérisé les premières années du règne, vol.877

A. , instar des rois francs, dicte ses conditions et s'affirme comme le partenaire dominant : Guthrum, converti au christianisme, reconnaît la supériorité d'Alfred, son parrain de baptême, et reçoit le nom ouest-saxon d'AEthelstan (c'est-à-dire celui d'un des frère aînés 54 R. Abels, Alfred the Great?, p.178

H. Asser and A. Du-roi,

, Surtout, au bout de deux années passées à Cirencester en Mercie, tout près de la frontière ouest-saxonne -années qui furent sans nul doute tendues -Guthrum se retire en Est-Anglie, laissant à Alfred la quasi totalité du royaume dont il avait hérité en 871 (seul l'Essex est perdu), et la possibilité d'étendre son influence en direction de la Mercie occidentale, qu'il reprend un peu plus tard sur ses monnaies 56

M. , où il gouverne par l'intermédiaire de son gendre AEthelred

, Dès lors, la coopération avec les anciens adversaires redevient possible, et désormais elle est avouable et apparaît plus clairement dans les sources puisqu'elle n'implique plus soumission aux païens : autour de 885-886, on assiste ainsi à peu près en même temps à une attaque ouest-saxonne sur l'Est-Anglie où règne Guthrum

. Guthrum, Il s'agit à nouveau d'une forme de « coopétition », mélange d'accords ponctuels et de confrontations, mais le partenaire dominant n'est plus le même : c'est désormais Alfred qui mène la danse, vol.878

. Institut-universitaire-de-france,

M. Costambeys, Guthrum (d. 890), dans ODNB

A. Chronicle,