C. Simone-de-beauvoir and O. De-jeunesse, janvier 1928). Vasco est le personnage éponyme d'un roman de Chadourne, pp.422-424

. Ibid, La citation d'un poème de Miracles, « À travers les étés, p.151

. Ibid, 18 mars 1927, p.293

. Ibid, , vol.29, p.320

. Ibid, 20 septembre 1929, p.783

. Ibid, , p.383, 1927.

. Vouloir, . Dans-un-infantile-rêve-de-pureté, and . Zaza, 383) fait écho quasi mot pour mot à la mystique courtoise de Meaulnes : « Lorsque j'avais découvert le Domaine sans nom, j'étais à une hauteur, à un degré de perfection et de pureté que je n'atteindrai jamais plus 30 . » Or à l'éblouissement succède le désastre. L'émancipation est devenue synonyme de corruption, l'inquiétude, de dépression. Quant au risque de la mort, à l'intraitable du réel, il n'est pas mis en intrigue dans le récit poétique ; il est enjambé, la voie des routes recouvrant la voix du deuil. Aucun savoir vivre ne s'y transmet parce qu'aucun ne s'y modélise. Si donc la lecture immersive et projective a d'abord rendu à l'adolescente le réel lisible et crédible, par l'épreuve de la re-connaissance, elle l'abuse, et l'abîme dans la détresse. Beauvoir, qui en jeune lectrice put projeter son affranchissement et en supporter l'esseulement grâce aux romans de l'intériorité dont Le Grand Meaulnes est un exemple privilégié, dut ensuite apprendre à se déprendre de cette littérature pour devenir l'écrivaine singulière qui sommeillait en elle. Bien sûr, la déprise fut facilitée par ses nouvelles fréquentations à l'École Normale supérieure de la rue d'Ulm. Peu réceptif aux émois de ce romanesque de l'affectivité, Merleau-Ponty considère que « le sentiment est une idée étouffante] qui m'a laissé un tel goût de pureté que la moindre allusion aux choses de la chair met en moi une détresse, une désolation indicible, Je retrouve dans "le grand Meaulnes" ce beau rêve enfantin et généreux qui a été le mien 28 . » Simone également, dans Carnets de Jeunesse, sur le mode déceptif : « Et puis, [?] avoir tant demandé dans leur jeunesse ardente et recevoir cela ! Quelle misère 29 !, p.634

. Zaza, . Correspondance, and O. Carnets-d'elisabeth-lacoin, Une lettre de la Correspondance de Zaza, du 3 septembre 1927, est quasiment citée mot à mot dans les Mémoires : « Elle s'était abandonnée, sans doute avec excès, à l'influence du Grand Meaulnes, p.130

B. Simone-de, « L'Aventure, l'évasion, les grands départs » (p. 344) se sont dégradées en errance sur des routes pas même maritimes, p.425

A. , L. G. Meaulnes, and . Ii, Mais Simone résiste ; elle n'est pas immédiatement prédisposée à renoncer à l'enchantement du grand Meaulnes : « Ah ! moi j'ai là des richesses dont je ne veux pas me défaire. Drame de mes affections, pathétique de la vie, et cet irréel Alain-Fournier que je suis souvent 32 . » Sartre conteste définitivement cette adhésion naïve, lui qui « [m']achetait des Pardaillan et des Fantômas qu'il préférait de loin à la Correspondance de Rivière et Fournier, vol.31, p.451

, Au bout du compte, c'est l'idée de croyance qui fait d'abord les frais de la désillusion

. La-«-nécessité-de-croire-en-quelque-chose, Mais au terme du renversement, c'est de prétendre avoir droit au crédit d'autrui qui indispose Simone. Elle comprend ce que sont les hommes qui [m']apparaissent comme Grands Meaulnes, et ce qu'est un type comme Sartre. Les premiers sont beaux à contempler, et on est heureux de les servir pour cette exigence insatiable en eux [?] ; mais pour se justifier de cette joie à les voir, [?] on est tenté aussi de leur faire la partie trop belle ; « ne jugez jamais, faites-moi crédit », demandentils, et cela touche comme un appel à votre générosité. Mais maintenant que je connais un homme qu'on peut toujours juger, p.288

. Désenchantement, Comme récit d'amours pures et désintéressées, il offre un modèle sentimental à l'adolescente pétrie d'une éducation catholique et puritaine, jusqu'à ce que le désir s'accorde au réel, par l'épreuve du deuil et au-delà d'elle. Comme objet d'un apprentissage lectoriel, il accompagne le mouvement d'affranchissement et d'individuation de l'auteure. Lectrice ingénue, Simone s'immerge d'abord, identifie ses amis aux héros voire à l'auteur, confondu avec son personnage. Ensuite, l'intelligence critique, le discernement aigu de Beauvoir lui font questionner cette richesse imaginaire dont les livres sont porteurs, ce trésor symbolique qu'on s'approprie avec plus ou moins de distance. Réviser son jugement, clarifier ce qui était brouillé, élucider les ambiguïtés réclament une relecture et une mise à l'épreuve du Grand Meaulnes, paradigme du roman de l'adolescent. Après avoir émancipé la jeune lectrice des conventions sociales, après l'avoir autorisée à se choisir et à cultiver ses possibles, lui avoir fait rencontrer des « présences fraternelles » qui l'ont réassurée dans l'épreuve de l'exil et de l'angoisse et lui ont permis de négocier avec la double, désenchaînement : ainsi se résume le parcours de lecture du Grand Meaulnes dont on peut appréhender l'ambivalence d'après les Mémoires d'une jeune fille rangée

«. Ponty, le sentiment est une idée ratée" ; je ne veux pas de ratés. J'ai eu la superstition de la vie, pp.384-413, 1927.

. Ibid, , p.384, 1927.

A. , Vous êtes cause de tout. C'est vous qui avez tout perdu, « Ah ! poursuivit-il avec fureur, quel mal vous nous avez fait, vous qui n'avez voulu croire à rien, p.216

B. Simone-de, Cahiers de jeunesse, p.761, 1929.