Espace théâtral, espace carcéral : terrorismes à la scène
Résumé
Quatre dramaturges contemporains, Lars Norén, Marius von Mayenburg, Maïssa Bey et Mohamed Kacimi envisagent d’éviter la sur-photogénie des attentats terroristes tels que relatés et parfois mis en scène par les images pour en proposer une représentation jouant sur l’intimité, l’enfermement des spectateurs dans des dispositifs rappelant la prise d’otages. Le spectateur se trouve contraint à conscientiser la situation dans laquelle se sont trouvés récemment de nombreux Européens, à Paris, Londres ou Madrid, y compris dans des lieux de spectacle, à Moscou notamment. Il s’agit d’échapper à l’effet-panique d’un tel événement, à tenter de le penser en congédiant également la tentation de l’esthétisation de la violence, voire de l’empathie envers le tueur. La pièce de théâtre n’y parvient d’ailleurs pas toujours : la compréhension court le risque de la justification. Seul un public de théâtre qui s’empare de la représentation comme un espace de représentativité – un lieu où il peut penser et juger ses propres valeurs – est probablement à même de garder à la fois en mémoire et à distance la violence exercée.