P. Vêtement, au premier aspect, m'a bien l'air d'être celui qui m'est cher entre tous, celui de la Grèce. Mais c'est votre voix que je veux entendre

, Une fois épuisée leur valeur symbolique, elles retourneront à leur possesseur premier, garant de ce symbole universel. Ainsi donc, la pièce de Sophocle consiste à mettre en scène, en quelque sorte, la faillite d'un conseil fondé sur la sophistique, c'est-à-dire sur une rhétorique sans autre fondement que l'incohérence du monde comme le voit Euripide, qui laisse à la parole une efficience relative, tout empirique. Dans le même mouvement dramatique, les protagonistes redécouvrent au fil du dialogue l'ordre sous-jacent du langage, qui renvoie lui-même aux principes d'harmonie régissant la cité comme l'univers, et la pièce, à la différence du théâtre d'Euripide, s'achève sur l'unité civique retrouvée. Les deux dramaturges, à la suite d'Eschyle, ont composé un Philoctète. Celui d'Euripide date de 431, Il saura ainsi si le jeune homme et les marins du choeur viennent bien « en amis » (eiper hôs philoi prosèkete, v. 229). La seule reconnaissance de sa langue dans la bouche de Néoptolème conduit Philoctète à couvrir le jeune homme des mots de l'amitié : philtaton, philtatou, philès aux vers 237 et 242

L. Voir-le-personnage-du-mythe-au-théâtre-de and . Thévenet, Les Belles Lettres, pp.39-42, 2009.

À. Travers-ulysse, Il est intéressant d'observer que Sophocle reprend ensuite, dans la bouche de Philoctète, la filiation infamante d'Ulysse comme fils de Sisyphe vendu à Laërte (v. 417). La sophistique condamnée par Sophocle n'est pas l'habileté de la sophia en général : Philoctète décrit par exemple le vieux Nestor comme un sophos capable de corriger dans ses délibérations (bouleuôn sopha) les ordres néfastes des chefs achéens (v. 423). Désobéissant aux ordres d'Ulysse, Néoptolème ironise sur son naturel sophos que démentiraient des propos dénués de sophia ; quand le fils de Laërte lui rétorque qu'il n'est quant à lui sophos ni en actes ni en paroles, Néoptolème réfute l'affirmation en subordonnant la sophia à la justice (dikè, Sophocle vise ouvertement la sophistique considérée comme l'art du mensonge. Ulysse qualifie de sophisma le conseil qu'il donne au jeune homme, v. 14. Un peu plus loin (v. 77), pp.1244-1246