, Puis deux indications manuscrites, notées de la main de Marcel Achard, concluent la scène par la description de deux plans, de Lorette puis de Domino. Voici le premier : Plan de Lorette. Lorette impatientée : Ah, écoutez... (Domino dit quelques mots qu'on n'entend pas. Réaction de Lorette) Non ?

, Il le reprendra d'ailleurs dans les films qu'il écrira et tournera à la fin des années quarante. Or, dans le film réalisé par Roger Richebé, le montage des plans ne laisse subsister aucun silence, aucun manque, bouleversant au passage l'ordre du dialogue écrit. D'autres passages équivalents, inscrits dans la continuité, sont également supprimés : disparition de nombreux plans subjectifs 35 accompagnant ou suspendant le dialogue pour mettre l'accent sur le point de vue des personnages ; disparition de la fin d'un plan filmant le décor laissé vide après que les personnages sont sortis du champ 36. Suppression également de travellings complexes, suivant des personnages d'un décor à l'autre 37 , et que l'on retrouve dans certains des scénarios rédigés par Achard 38 comme dans ses propres réalisations. Le découpage adopté par Richebé, platement fonctionnel, privilégie les plans américains et les panoramiques pour enregistrer des échanges le plus souvent statiques : il reprend le modèle de la pièce filmée, qui s'est imposé au début des années trente, dans sa forme la moins inventive. Tout appel à l'imaginaire du spectateur est liquidé au profit de l'enregistrement d'une mise en scène lourdement explicite, et d'acteurs dont les mimiques, les intentions soulignées transforment Domino en comédie sans grâce, et sans enjeu. Ainsi, de nombreux aspects de la pièce-le travail de l'acteur, l'importance de la fiction-ont été envisagés par les adaptateurs, avant d'être radicalement affaiblis. Sans doute ont-ils considéré que, d'essence profondément théâtrale, Quatre répliques étaient ainsi éludées, laissant le spectateur tenter d'imaginer ce qui se dit entre Lorette et Domino. Ce jeu sur le hors-champ et l'ellipse est peut-être inspiré de Lubitsch avec lequel Marcel Achard a collaboré pour La Veuve joyeuse, 1934.

. Id,

. Ibid, , vol.31, pp.72-74

. Ibid, , pp.24-110

, Ce projet ne sera finalement pas réalisé. BnF, fonds Achard, Cinéma P-Q, Le Paquebot partira à midi, Par exemple, dans le premier des scénarios qu'il écrit pour Marc Allégret : Le Paquebot partira à midi, 1936.

, Aventures et mésaventures du récit, qui évolue encore dans la dernière édition de la pièce : plus de 20 ans après l'édition de 1932, le troisième acte va être sensiblement raccourci et modifié. Le dialogue devient plus dynamique et souligne moins explicitement la dimension méta-théâtrale, qui demeure néanmoins centrale. La pièce se conclut sur une Lorette toujours immobile, mais dont il est désormais précisé qu'elle « rêve » 40 tandis que retentit La Marche de la Légion, Romance avec ou sans parole », Pour vous, 1929.

A. Bibliographie and D. Marcel,

A. , M. Domino, ;. Bishop, P. Thomas, F. And-the et al., « Lettres SUP, pp.105-128, 1960.

F. and N. Petit, dans Jeux d'auteurs, mots d'acteurs : scénaristes et dialoguistes du cinéma français, pp.173-182, 1930.

P. , L. , T. Complet, I. Présenté, and P. Renucci, , 1977.

, incompatibilité de nature entre l'univers féerique imaginé par Shakespeare et les codes de représentation hollywoodiens (« Le Songe d'une nuit d'été », in Marianne, n°165, p.11, 1935.

, Mais l'examen de ses textes dramatiques (Le Joueur d'échec, 1927.