Penser le possible de langue, en linguistique et en poésie
Abstract
Nous souhaitons dans cet article interroger le rôle que peut jouer la modalité poétique dans la compréhension du « possible de langue », tel qu'il a été défini par Milner (1989), et discuté par Auroux (1991d). En effet, le concept de possible de langue, qui repose sur le fait que « tout ne peut pas se dire » (Milner 1989 : 55), en introduisant un jugement différentiel, permet de circonscrire les productions jugées possibles ou impossibles en langue. Or la poésie – et nous choisissons ici à dessein le corpus surréaliste – tend à explorer ces zones dites impossibles en langue, à « essayer » des constructions atypiques voire agrammaticales, à tester la résistance des structures fermes, dont les emplois véhiculent une norme perçue comme difficilement muable. Il s'agit donc pour nous d'apprécier le point de bascule entre le possible et l'impossible de langue au regard de productions volontairement déviantes, souvent accompagnées d'un discours de justification ou de (pseudo-)rationalisation, ce qui posera inévitablement la question d'un potentiel recul des limites de l'expression, par l'attestation de tournures nouvelles, et la découverte de ressources linguistiques jusqu'alors inobservées voire impensées.
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