, Cabinet des M?dailles ne s'arr?te pas l?. L'examen des bords de la plaque s'est ?galement r?v?l? instructif: le bord droit est r?gulier; il ne pr?sente pas une tranche plane perpendiculaire aux deux faces, mais arrondie et fuyant vers l'arri?re; en avant, cette tranche est lisse, tandis qu'en arri?re elle offre des traces de broche sous forme de traits parall?les. En revanche, la tranche sur le bord gauche n'a pas ?t? r?gularis?e apr?s d?coupe et comporte beaucoup d'?chancrures et d'asp?rit?s; son ?tat n'est pas diff?rent de la partie de la st?le apparemment cass?e (c'est d'ailleurs l'aspect trop propre de cette cassure qui nous avait donn? l'id?e d'aller examiner l'objet), Mais le profit que nous avons tir

. Le-haut-de, une erreur r?dhibitoire avait ?t? commise dans les premi?res lignes ? Ou l'artisan, sacrifiant au go?t des ruines, avait-il voulu fabriquer une fausse inscription cass?e ? L'examen de la pierre ne permet pas de trancher. Quoi qu'il en soit, le d?calage entre l'application extr?me apport?e ? la gravure du texte (m?me si, aux yeux d'un ?pigraphiste, celui-ci est loin d'?tre parfait) et l'aspect ouvertement n?glig? du travail des bords font penser ? une pi?

. Le-texte-grec-de-la and . St, Michel d?crit ainsi: ?le graveur avait consciencieusement pr?par? sa t?che: sur la face soigneusement polie, des lignes verticales avaient ?t? trac?es ? droite et ? gauche pour r?server des marges?61. En r?alit?, ces traits ne sont pas verticaux, mais obliques, et ils vont se rapprochant vers le haut. Il est en outre frappant que les d?buts de lignes du texte ne s'appuient pas sur le trait de gauche: le lapicide a chaque fois laiss? un petit espace entre ce trait et le d?but de chaque ligne. On comprend d?s lors que les deux traits incis?s de part et d'autre du texte repr?sentent les bords obliques de la st?le en marbre

, Borghini (minimo ad latera relicto margin?) et bien rendue sur les deux dessins manuscrits de Smetius

. Ainsi-s-'explique-aussi-que-le, tout prix de d?passer le trait de droite, s'astreignant ? tasser maladroitement les caract?res ? la fin de la ligne 17 alors qu'il disposait de tout l'espace n?cessaire, et m?me davantage: la plaque de porphyre n'est pas une st?le, mais seulement le support sur lequel le graveur a dessin?, ? une ?chelle r?duite, la st?le en marbre; il ne pouvait dans ces conditions, m?me s'il manquait de place, sortir des contours de son dessin, contours pr?paratoires, au moins th?oriquement, ? la d?

, Un scarpellino tr?s demand?

, alis? la copie sur porphyre du d?cret de Th?ra ? On se rappelle que la derni?re mention de la st?le en marbre apparaissait dans l'inventaire dress? par Orsini le 31 janvier 1600. C'est donc ? Rome, ? partir de cette date que dut avoir lieu l'op?ration. La date de 1600 est l'une des plus symboliques de l'histoire du catholicisme car elle marqua de mani?re ?clatante, ? travers le magnifique jubil? orchestr?

. Aldobrandini-),-le-triomphe-de-la-contre-r-?-forme62, Rien ne fut alors trop beau pour exalter la gloire retrouv?e de l'Eglise romaine et, parmi les mat?riaux pr?cieux choisis personnellement par le souverain pontife pour embellir les principales stations du p?lerinage63, le porphyre occupa une place privil?gi?e. Cette pierre, fort recherch?e ? la Renaissance, ?tait aussi tr?s difficile ? sculpter. Une tradition courtisane attribue ? Corne de M?dicis l'invention d'un proc?d? secret ?, 50. 62 L. von Pastor, Geschichte der P?pste im Zeitalter der Katholischen Reformation und Restauration: Klemens VIII. (1592-1605), XI, pp.1249-1297, 1927.

H. Cuvigny-g, F. Vagenheim-permis-au-sculpteur, and . Del-tadda-di-fiesole-de-tremper, Tadda, mort en 1585, n'eut pas de successeur ? Florence et quand le cardinal Ferdinand de M?dicis, devenu Grand-Duc en 1587, recherche ? la fois du porphyre et un tailleur de pierre pour le travailler, il doit faire jouer ses contacts ? Rome, o? il se r?v?le qu'il existe un seul tailleur de porphyre (?il scarpellino che lavora il p?rfido?), jaloux de son secret et qu'on s'arrache65. Le contact principal de Ferdinand ?tait son ami intime, le cardinal Francesco Maria dal Monte, qui d?fendait les int?r?ts des M?dicis dans la Ville Eternelle66. Le 15 mars 1596, le cardinal dal Monte ?crit ? un autre de ses amis, Emilio de' Cavalieri, agent du Grand-Duc67, pour lui dire qu'il a parl? ? l'artisan qui travaille le porphyre, mais que celui-ci n'est pas dispos? ? quitter Rome o? il est bien trait? par les b?n?dictins de la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs; ceux-ci le logent et le paient suffisamment pour qu'il puisse entretrenir sa famille, Quinze jours plus tard, dal Monte ?crit directement au Grand-Duc pour l'informer que le scarpellino est li? par un contrat aux fr?res de San Paolo et qu'il a mis comme condition ? son transfert ? Florence que ce soit dal Monte qui se charge de lui obtenir l'autorisation de quitter Rome

. Dal-monte-a-alors-convi-de-san-paolo, . Un-certain-stella, and . Di-montalto, Alessandro Peretti), protecteur de l'Ordre; tous deux ont insist?, mais l'abb? a r?pondu que le pape avait command? huit colonnes de porphyre pour orner des autels, que ce travail devait ?tre achev? pour l'arriv?e des p?lerins et que seul le scarpellino ?tait capable d'honorer cette commande; lorsqu'il aurait achev? les huit colonnes, l'abb? le laisserait partir ?

. Contraint-de-rester-?-rome-jusqu, Duc par l'interm?diaire du cardinal dal Monte: il d?sirait lui envoyer un petit ?chantillon de son savoir-faire avant que celui-ci ne d?cide de l'engager et s'offrait dans ce but d'ex?cuter, au choix ?qualche cosa in piccolo, come una tavola piena di lettere, ovvero un'arme o profili di tazze (...) da un mezzo braccio sino a tre braccia?68. On ignore si le scarpellino se rendit jamais ? Florence; mais nous avons toute raison de supposer qu'il tint sa promesse et r?alisa bien, ? l'intention du Grand-Duc, ?una tavola piena di lettere?: le d?

, ? d'amiti? ? Orsini depuis 1582, connaissait parfaitement la collection de l'?rudit romain (il l'avait longuement ?tudi?e sous son ?gide)70. Il ne dut pas h?siter longtemps avant de choisir, parmi les diff?rents mod?les pour l'ex?cution d'une ?tavola piena di lettere?, la st?le de Th?ra, id?ale pour ?prouver le talent du scarpellino. Il dut ?, En, vol.1600

, on ignore, la st?le disparut, sort 64 La tradition est rapport?e notamment par Giorgio Vasari dans la vie de l'artiste toscan et le passage est reproduit dans Butters 1996, Appendix VI, p. 401. Nous remercions Lucia Faedo de nous avoir signal? cet ouvrage. Il est remarquable que soit tomb? dans l'oubli le proc?d? de fabrication d'un acier assez dur pour tailler le porphyre; il s'agit sans doute du pr?cieux ax?p,(op,a souvent mentionn? dans les ostraca du Mons Claudianus, p.135, 1994.

. Sur-les-rapports-entre-dal-monte and . Cavalieri, qui ?tait aussi ?direttore d?lia Galleria dei lavori agli Uffizi?, on consultera Wazbinski et ad indicem, pp.114-538, 1994.

. Malgrs-entre-dal-monte and . Orsini, il est peu probable que l'?rudit e?t accept? de pr?ter au cardinal une pi?ce ? laquelle il tenait particuli?rement au point d'en avoir publi? une copie imprim?e. Il n'aurait pas non plus tol?r? que la st?le ne lui soit pas restitu?e. Par cons?quent, la mention de l'inscription dans l'inventaire de 1600 indique qu'elle ne sortit gu?

, fr?quent des documents recopi?s (Solin a donc finalement raison lorsqu'il ?crit que l'inscription du cardinal di Carpi est perduta da tempo)12. Le ?faux? sur porphyre entreprit alors un myst?rieux p?riple qui le conduisit ? Mod?ne, au plus tard en 1718

S. Maffei-?-crit-?-ludovico-antonio-muratori-pour-lui-annoncer and . Qu, il a d?j? recueilli deux cents marbres pour son futur Mus?e et ajoute qu'il a entendu dire qu'un peintre ? Mod?ne avait chez lui une inscription en porphyre dont il se servait pour broyer ses couleurs. Maffei insiste pour que Muratori la lui procure ? n'importe quel prix, l'assurant qu'? Mod?ne elle est sans int?r?t

. Muratori, inscription des mains d'un V?nitien nomm? Cappello74. La suite est connue. Le 26 avril 1797, V?rone capitula devant les troupes fran?aises apr?s deux jours de r?sistance acharn?e75. Comme Ch. Michel l'avait compris, l'inscription sur porphyre fit partie du butin rapport? ? Paris, mais, contrairement ? la plupart des antiquit?s vol?

, apr?s avoir fait sa proposition au Grand Duc et sans attendre quatre ans son cong?; cela para?trait m?me assez naturel On peut imaginer que l'?tat d'inach?vement de la st?le est la cons?quence de la mort inopin?e du scarpellino ou encore d'une perte d'int?r?t de la part du Grand-Duc (la mort du scarpellino et les d?sordres in?vitables qui se seraient ensuivis dans son atelier expliqueraient mieux que le mod?le en marbre n'ait pas ?t? retourn? ? son propri?taire) On objectera ? cette hypoth?se que le d?cret en marbre figure dans l'inventaire Orsini r?dig? en 1600, mais sa mention ne signifie pas n?cessairement que la pierre ?tait physiquement pr?sente ? ce moment-l?, 72 On ne peut exclure que le scarpellino ait r?alis? la copie sur porphyre peu

, Sur Maffei et son uvre, on consultera les actes du congr?s intitul? Scipione Maffei e il Museo Maffeiano, Europa: Scipione Maffei tra passione antiquaria e impegno civile, pp.273-275, 1955.

G. Scarabello, Storia d'Italia. La Repubblica di Venezia nell'et? moderna. Dal 1517 alle fine d?lia Repubblica, p.670, 1992.

. Au-d-?-but-du-xixe-si-?-cle, occasion de la restitution des objets au Mus?e de V?rone, l'abb? Giuseppe Venturi fut charg? de r?organiser les collections d'antiquit?s; l'inscription, rest?e ? Paris, ne figure pas dans son premier volume consacr? aux inscriptions ?trusques et grecques: Guida al museo lapidario Veronese, I, Verona 1827. Tullia Ritti, qui publie le texte de l'inscription (n? lia), ignore son sort apr?s la chute de la R?, pp.39-40, 1981.

, Appendice 2. Notes ajout?es ult?rieurement par Borghini ? sa copie

, Versus ita scribendi sunt quemadmodum rubrica dixtinxi (sic) ex exemplo a Laelio meo accepto in quo qui descripserat in fine addiderat illa

, Est autem pagina unica non duo sed (?) sic fed angustia cartae

, et dono Rodulpho Pio cardinali dum illic legatione fungebatur datus Est autem hic lapis longus P I D III Gr * I lotus 0P*I*D0X * Gr * IV crassus D II. Pagina vetere more supra paulo strictior infra vero latior m?nimo ad latera relicto margine. Versuum fines ut omnibus antiquis saxis inaequales, singuli quidem duabus lineolis in longum ductis coarctati ut aequales litterae fi?rent quae et sunt elegantissimae et antiquissimae. Sed haec omnia et versuum a versibus et litterarum a litteris intervalla hoc exemplo quod ex ipso saxo etiam expressis vetustatis ipsius et lacunarum vestigijs imprim? (rature) effingique curavimus, adparebunt, Anconitano portu repertusSigne sinuso?dal) Hoc quod postremum ait ego servare nonpotui11

, Abr?viations bibliographiques

, Clarorum Italorum et Germanorum epistolae ad Petrum Victorium senatorem florentinum

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