L. Sage, Elle est la vertu par excellence qui manifeste le caractère spécifique de la sagesse qui est la cohérence de la vie et son accord avec la raison

, fortune ; elle est la stabilité de l'âme savante face à l'extériorité. L'alternative propre à l'existence humaine est donc simple : ou nous triomphons de la fortune, ou elle triomphe de nous. La liberté consiste à devenir totalement indépendant du monde extérieur pour ne trouver qu

, Pour les Stoïciens le vrai nom de la fortune, c'est le destin. La constance n'est donc pas pensée ici dans une problématique de la liberté d'un sujet qui se décide

, Tel est le paradoxe, d'un côté l'avare est libre, il pourrait ne pas l'être, mais d'un autre côté il est prisonnier de sa passion et prisonnier de l'argent. Saint Augustin va jusqu'à dire qu'il est possible de se fortifier, de s'endurcir en vue d'un mal. La patience du criminel, du prédateur comme on dit aujourd'hui, peut être indéfinie. Cette dureté peut même être glorifiée par certains esprits faibles : le vrai dur est celui qui ne parle pas, qui endure et se tait. D'une certaine façon c'est un sujet d'étonnement pour le philosophe : comment mettre autant d'énergie pour devenir un dur un caïd ? Mais saint Augustin renverse l'argument : il ne doit y avoir ici ni louange, ni étonnement. Ce mythe du gros dur frappe l'imagination car c'est une image très humaine de la toute puissance

, En cela la patience est un chemin, elle est le chemin qui fait de la souffrance le lieu d'une construction de soi. La vraie patience de l'âme n'est donc plus une simple endurance, mais elle est une autre façon de considérer les épreuves de l'existence. Par exemple tolérer d'être insulté, ce n'est pas s'abaisser volontairement, ce n'est pas purement et simplement subir l'insulté, mais cela revient à ne pas céder à la précipitation en répondant de façon passionnelle à l'insulte par une autre insulte. La patience comme refus de la précipitation, c'est alors la volonté de sortir du cercle de la violence. Encore une fois personne n'aime être humilié, mais la vraie patience consiste à demeurer libre dans sa réponse à cette humiliation et cela est possible pour ceux qui espèrent dans la paix

, homme car souvent elle demande de savoir attendre : il faut savoir accepter le temps des choses, le temps de l'autre homme, le temps des cultures. Parfois il fait savoir attendre que les choses se décantent d'elles-mêmes. Ce n'est pas une invitation à ne rien faire et saint Augustin fait une comparaison avec l'agriculture pour montrer que le travail suppose aussi la patience : de même qu'il faut attendre la moisson, il faut attendre qu'un adolescent grandisse un peu, que les mentalités changent etc? Comme le dit l'Ecriture « Malheur à ceux qui ne savent rien supporter

, Job demeure fidèle à lui-même, à ce qu'il tient pour juste, alors que tous les autres, mêmes ses amis, l'ont abandonné. Ainsi on a pu montrer avec saint Augustin que la source de la vraie patience n'est pas l'ambition, la convoitise, mais la capacité à aimer la justice, qui dans la conception religieuse de saint Augustin suppose l'aide de Dieu. De ce point de vue la patience n'est pas une qualité qui viendrait s'ajouter à l'homme mais elle est la liberté elle-même en acte dans la mesure où on n'est véritablement libre que quand on veut le bien

, Le deuxième caractère de la patience se trouve dans l'intelligence et dans l'amour du bien : l'homme vraiment patient, celui qui n'est pas seulement un endurci, est celui qui sait se porter vers le bien, qui sait aimer le bien, qui ne désespère pas dans la possibilité du bien même dans les pires situations. Bien sûr aucun homme ne possède cette force de volonté et cet amour du bien à l'état parfait, et il faut tenir compte de la finitude de tout homme. Néanmoins la figure de Job enseigne que même dans le malheur il est possible de préserver une part de liberté, une part d'espérance. La patience est donc bien la vertu du temps : elle nous apprend à vivre au présent et elle nous apprend à se penser dans l'avenir. La patience nous apprend à savoir endurer, c'est-à-dire pas seulement de supporter, mais de savoir attendre : chaque chose a son temps propre, chaque homme a son rythme propre, y compris soi-même, et savoir attendre c'est vouloir ne pas forcer les choses. C'est ce que